La dernière saison de la série la plus folle des années 2000 vient de commencer en trombe.
Carlton Cuse et Damon Lindelof, producteurs et scénaristes principaux de Lost, ont eu le temps de se préparer. Voilà près de trois ans qu’ils savent que leur série se terminera au bout de sa sixième saison.
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Une fin annoncée à ce point à l’avance constitue un privilège rare dans une industrie habituée à ignorer la veille l’histoire qu’elle racontera le lendemain.
De cette urgence, souvent, surgit la beauté de récits lancés vers l’avant tels des marcheurs désespérés dans la nuit.
Alors que les premiers épisodes de Lost saison 6 viennent d’être diffusés sur ABC le 2 février, le défi de la série ressemble finalement à un paradoxe. Il lui faut à la fois affirmer sa maturité en justifiant le temps de gestation accordé, et maintenir en même temps le fil de la tension, comme si tout, dans cette forme sérielle vouée à la répétition, se déroulait à l’écran pour la première fois, dans la frénésie de la découverte.
Ceux qui souhaitent rester vierges avant de voir le très beau double épisode d’ouverture intitulé LAX peuvent stopper leur lecture.
Aux autres, disons ceci : il y a effectivement le goût d’une première fois dans cette amorce d’une ultime saison qui comptera dix-huit épisodes.
L’idée toute bête et malgré tout puissante qu’une autre voie était possible, au sens le plus strict du terme : une autre série. Et si le vol 815 de Oceanic Airlines, plutôt que de se terminer fuselage brisé sur une île du Pacifique, était parvenu à bon port à Los Angeles ?
Et si ses passagers que nous connaissons depuis si longtemps, Jack, Locke, Kate ou Sawyer, foulaient finalement le sol de l’aéroport californien ? Il aura fallu cinq saisons pleines et des dizaines de fausses pistes pour en arriver à cette hypothèse folle.
Littéralement surgies d’un autre monde, les séquences situées à l’intérieur de l’avion stupéfient. Elles servent à la fois de remise à zéro des enjeux et de test de mémoire collectif.
Comme si Lost reprenait langue avec ses personnages et en scrutait de nouveau l’essence. Ce serait bien sûr trop simple si une nouvelle linéarité unique s’imposait.
Rassurons les puristes, la série se déroule encore en grande partie sur l’île, celle où le crash a bien eu lieu. Après tout, à la fin de la saison 5, une bombe à hydrogène explosait et il faut assurer le SAV.
Au programme, un groupe d’autochtones menés par un amoureux des bonsaï japonais, et plusieurs versions concurrentes de John Locke, notre chauve préféré.
Depuis longtemps, les héros construits par Lost sont des êtres multiples, malléables dans l’espace et dans le temps, possiblement morts et vivants à la fois. Après six ans, la maîtrise qu’en ont leurs concepteurs est telle qu’au fond tout devient simple, en tous cas du point de vue de l’émotion.
C’est la grande victoire de ce début de saison 6 : complexe à décrypter, simple à aimer. « Rien n’est irréversible », glisse Jack à Locke dans un moment crucial. Rien, à part notre passion pour Lost.
Lost saison 6. En vo sur www.tf1vision.fr. Pass saison : 26,99 euros.
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