Huit ans après ses débuts, le duo d’agités demande encore à se faire découvrir. Critique et écoute.
De Weirdo Rippers à Nouns, jusqu’aux triturations soniques d’Everything in Between il y a trois ans, No Age avait jusqu’ici toujours su apporter quelque chose – une touche de frénésie, un sens de la mélodie pétaradante, une intensité effrayante – au son punk dont il s’emparait avec, par ailleurs, une indéniable efficacité. D’où la grande question qui se posait au duo de Los Angeles : comment se rénover sans fâcher les fans des précédents disques ? Face à un tel dilemme, leur réponse est toute trouvée : ne plus se contenter du punk comme d’un simple exutoire à une révolte adolescente, mais le prendre comme un objet d’étude (d’où le titre, An Object).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Il y a bien sûr tous les éléments que l’on aime tant chez Dean Spunt et Randy Randall : le concept arty, les refrains noisy, les mélodies abrasives, voire barrées. Mais il y a surtout une réelle envie d’éviter la grand-messe du rock, le son boursouflé. Le coup de maître : Running from a-Go-Go, brûlot mélancolique qui multiplie les clins d’oeil à Joy Division, période Atmosphere. En dehors de ce titre trouble et envoûtant, contre-exemple majeur dans l’œuvre discographique de No Age, le reste de l’album est plus conforme aux précédents efforts. Avec une différence, majeure : l’abandon de la batterie sur quelques titres (le sombre I Won’t Be Your Generator et le destroy A Ceiling Dreams of a Floor, notamment) au profit d’une basse à quatre cordes. Ce qui, chez beaucoup, ne servirait qu’à amadouer leur image, à l’apprivoiser, à la rendre bon enfant, sublime plus que jamais ici un punk-rock fripouille, tranchant, (sid)vicieux – sur An Object, les deux jusqu’au-boutistes refusent toute mécanique sonore un peu trop huilée, préférant à cela fricoter avec l’urgence et fantasmer les riffs bruitistes. En témoigne l’ultime Commerce, Comment, Commence qu’il conviendrait de renommer “Culotté, Convulsif, Cérébral”. Une façon comme une autre de résumer ce quatrième album en tout point survolté.
{"type":"Banniere-Basse"}