Alors que sort en DVD son premier moyen métrage Men make women crazy theory, l’icône arty de l’underground new-yorkais s’explique sur sa « théorie » : quand une femme amoureuse ne parvient pas à vivre son amour sous les auspices de la photocopieuse, quand l’être aimé n’est pas à la hauteur et que les copines ne parviennent plus à canaliser un trop-plein de solitude, ça déborde, et drôlement. Interview vidéo et extrait du film.
Pensez-vous vraiment que les hommes rendent les filles dingues ? Ça sent le vécu, non ?
Il s’agit d’obsession, quand on focalise sur quelqu’un et que l’on confond ce sentiment avec l’amour. Ça arrive à tout le monde à un moment dans la vie. C’est objectivement basé sur mon vécu ; mais avec le travail d’écriture et l’appropriation du texte par les acteurs, c’est devenu une autre histoire. Je ne suis quand même pas aussi givrée ! Typiquement ce qui arrive quand on met toute son énergie dans une personne, n’importe laquelle, et qu’on se dit : c’est la bonne personne, c’est elle que j’aime, sans que ce soit forcément vrai. C’est la société qui nous met des trucs pareils dans le crâne : Les choses doivent être ainsi et pas autrement. Il faut trouver l’homme idéal. Il doit être comme ci et comme ça. Et là, je serai heureuse
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Comment s’est fait le choix des acteurs ?
Ce sont tous des amis que j’ai tirés par la manche en leur disant : j’ai besoin de toi quelques jours ! Je connaissais un peu Alexia (Landau) ; un soir devant un verre, elle me parlait de ses histoires, qui la rendaient dingue, je lui ai proposé de jouer dans mon film Elle était partante sans avoir rien lu. Je lui ai dit : crois-moi, c’est parfait pour toi ! Depuis nous sommes devenues très amies. Si tu n’as pas d’argent pour payer ton équipe, tu es obligé de faire avec les gens que tu connais !
Des souvenirs particuliers liés à LA scène mémorable où Alexia pète les plombs dans son bain ?
C’est la seule scène entièrement improvisée. Une journée de tournage particulièrement épique. Tout le monde se prenait la tête ou s’engueulait sur le plateau. Dans l’urgence, j’ai réalisé que c’était exactement dans cet état d’énervement et de frustration que devait être Alexia. Je l’ai attrapée, je l’ai plongée dans la baignoire en lui disant : vas-y, dis quelque chose que tu ne pourras jamais dire à personne, un truc qui fout vraiment la honte ! Et elle l’a fait. Pendant la prise, on se regardait avec le directeur photo en pensant la même chose : c’était exactement ça. C’est ma scène préférée dans le film. Non seulement parce que c’est la meilleure, mais aussi parce que c’était important de montrer ce côté autodestructeur qui la fait tout foutre en l’air pour finir quand même dans son lit. C’est un souvenir très drôle mais très tendu du tournage.
Etait-elle saoule pour de bon ?
Non, elle a juste bu un shot de vodka avant la prise : ça ne suffit pas à la rendre saoule. Je ne le lui ai pas demandé, mais bon, c’est vrai que j’avais mis de la bière sur le rebord de la baignoire pour qu’elle se détende Elle en a fait ce qu’elle voulait et ça a marché. C’est finalement pas plus mal qu’elle soit ivre, elle est plus délirante que sobre, non ? Je voulais montrer l’humiliation, la tristesse et la solitude, ce ressenti que l’on n’exprime jamais. Ce n’est pas si facile d’en parler, vous ne verrez jamais quelqu’un clamer sa peine ou son isolement. Montrer cela, c’est ce qui m intéressait. C’est un peu mon histoire, mais j’aime sa façon bien à elle d’exprimer ce que je ressens, ce que j’ai écrit. J’aimerais beaucoup retravailler avec elle. Mais c’est finalement moi la plus vulnérable : maintenant tout le monde va savoir ce que je ressens, mon insécurité. Mais c’est ça, l’art
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