Le faible séisme qui a frappé Ischia le 22 août dernier a marqué les esprits par son lourd bilan : deux morts et de nombreux bâtiments effondrés. De quoi relancer le sempiternel débat sur les constructions illégales dans la région de la Campanie et de la menace qui plane sur la ville de Naples, due à sa proximité avec le Vésuve.
La terre de la Campanie a tremblé le 22 août dernier. Un tremblement de terre a frappé la petite île d’Ischia, de l’archipel des Phlégréennes, dans le nord du golfe de Naples. Il s’agissait d’un « petit séisme » d’une magnitude de 4 sur l’échelle de Richeter. Le bilan est pourtant très lourd : deux morts, quarante blessés et de nombreux bâtiments détruits. De quoi réenclencher le débat sur les constructions illégales dans cette région, qui ne répondent donc pas aux normes sismiques en vigueur. D’autant qu’il s’agit d’une zone volcanique encore en activité: la menace sur Naples et sa population (plus d’un million d’habitants) ne cesse de s’accroître.
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Une semaine après, pourtant, les sismologues se veulent rassurants. « Le séisme survenu à Ischia est un phénomène très rare« , rapporte Aldo Zollo. Ischia n’avait pas connu de pareils dégâts depuis 1883. Toutefois, pour le professeur de géophysique à l’université de Naples : « Ce dernier séisme nous apprend que, par rapport à sa magnitude, il suffit d’un « petit séisme », mais plus proche de la surface et des habitations, pour causer d’importants dégâts. »
Un séisme proche et peu profond
En effet, la magnitude n’est pas l’indicateur adéquat pour mesurer l’impact d’un séisme sur la surface terrestre. C’est principalement la proximité des zones constructibles avec son épicentre qui explique les dégâts observés. « Le niveau de l’accélération du sol qui a été généré par ce séisme a été très élevé, comme le montrent les enregistrements de la station sismique localisée près du village de Casamicciola », ajoute Aldo Zollo. Ainsi l’épicentre se situait à moins d’un kilomètre et la profondeur était de deux kilomètres environ.
Malgré la caractère localisé de ce séisme, la question de la fragilité de certaines infrastructures dans le sud de l’Italie revient sur la table, après le terrible séisme qui a touché la ville d’Amatrice il y a un an, qui avait fait plus de 300 morts. Pour la patron de la protection civile, Angelo Borrelli, si les maisons se sont écoulées à Ischia, c’est parce qu’elles ont été construites avec « des matériaux de piètre qualité ».
« Ce niveau de tremblement du sol peut expliquer la plupart des dégâts observés. Un rapport préliminaire de l’analyse des données de la station d’Ischia réalisé par les ingénieurs du consortium Reluis en Italie, montre bien que les accélérations observées sont compatibles mais ont légèrement dépassé le niveau prévu par le dernier code de construction des nouveaux bâtiments, publié en 2008″, précise M Zollo.
30 000 demandes d’amnistie pour des infractions aux règles de constructions
Il subsiste qu’à Ischia, 64 000 habitants et troisième île d’Italie, près de 30 000 demandes d’amnistie pour des infractions aux règles de construction ont été déposées ces 30 dernières années. Et les tentatives des autorités de démolir les bâtiments illégaux se sont régulièrement soldées par des affrontements entre forces de l’ordre et la population locale, rappelle l’AFP. Le ministre italien des Infrastructures, Graziano Delrio, dénonce lui aussi les dérives : « On ne peut pas savoir si les écroulements d’Ischia sont la conséquence de constructions abusives et amnistiées mais ce que nous savons, c’est que le territoire italien a été violenté par de nombreuses constructions de ce type. »
C’est ainsi que la région de la Campanie est surnommée la « roulette russe » de l’Italie, par les experts du fait d’un détonant mélange : des constructions illégales associées à une forte densité de population… y compris sur les pentes du Vésuve, un volcan actif. Doit-on pour autant craindre à court terme pour un nouvel épisode Pompéi ? Aldo Zollo se veut rassurant :
« Au Vésuve, on observe, ces trente dernières années, une faible sismicité de faible magnitude. Le dernier séisme notable date de 1999 avec une magnitude de 3.6 sur l’échelle de Richter. Mais actuellement, on n’observe pas de variations d’état des paramètres géophysiques et géochimiques ou de phénomènes précurseurs qui puissent indiquer la possibilité d’une éruption. »
Outre la menace du Vésuve, le géologue italien Mario Rozzi, interrogé par l’AFP, attire l’attention sur les Champs phlégréens, une zone éruptive située quinze kilomètres plus loin, que le scientifique décrit comme « un supervolcan composé d’une trentaine de cratères recouverts par des hippodromes et des hôpitaux et dont l’éruption entraînerait l’exode définitif d’un demi-million de personnes. »
Sans compter que la terre n’a même pas besoin de trembler pour que tout s’écroule. En juillet, l’effondrement d’un immeuble à Torre Annunziata, au pied du Vésuve, a tué huit habitants dans leur sommeil… dont l’architecte chargé de contrôler la sécurité des bâtiments de la commune.
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