De François Hollande pendant la campagne, on a retenu des formules fétiches. Parmi lesquelles ce « en même temps », qui annonçait à chaque phrase un rééquilibrage, pour tenter de modérer l’effet d’un engagement, d’une prise de position. Pour sa première intervention télévisée de président, le 14 juillet, François Hollande est resté en équilibre sur son fil. […]
De François Hollande pendant la campagne, on a retenu des formules fétiches. Parmi lesquelles ce « en même temps », qui annonçait à chaque phrase un rééquilibrage, pour tenter de modérer l’effet d’un engagement, d’une prise de position.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour sa première intervention télévisée de président, le 14 juillet, François Hollande est resté en équilibre sur son fil. Maîtrisant l’exercice de bout en bout. Costume noir, cravate noire. Mais souriant, détendu. Jupitérien en diable et pourtant hors les murs de l’Elysée. Mais rien ne ressemble plus aux salons du palais présidentiel que ceux de l’hôtel de la Marine, place de la Concorde. Et TF1 et France 2, les chaines de télévision conviées pour la grand’messe, même revue par le Vatican II de la normalité, avaient, espiègles, conservé la grande table un peu bizarre qui servait pour les interviews de Nicolas Sarkozy.
Contexte pesant
Voilà pour la forme. Pour le fond, le contexte était lourd, pesant, comme ces nuages noirs qui occupent le ciel de France depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Il y avait les licenciements massifs chez PSA, la fiscalité, les menaces sur l’économie française, les hoquets de la construction européenne. Et au beau milieu de cette intervention souple mais solennelle, la question sur le célébrissime « tweet » de Valérie Trierweiler, la compagne du président, qui avait assassiné l’ex-compagne du même président, Ségolène Royal, en pleine campagne des législatives à La Rochelle en prenant fait et cause pour le dissident socialiste, Olivier Falorni. La réponse de François Hollande a tenu en deux minutes et une poignée de secondes. Clinique et froid.
« Je suis pour une claire distinction entre vie publique et vie privée. Je considère que les affaires privées se règlent en privé. Et je l’ai dit à mes proches pour qu’ils acceptent scrupuleusement le respect de ce principe », a commencé le chef de l’Etat. « Les Français veulent que les choses soient claires, que l’Etat soit dirigé par celui qu’ils ont choisi et qu’il n’y ait aucune interférence. Le principe que je viens de rappeler sera scrupuleusement appliqué. »
Un message qui valait aussi pour le fils de François Hollande et Ségolène Royal, Thomas, qui avait vertement critiqué Valérie Trierweiler.
A lire aussi : Valérie Trierweiler : les coulisses du tweet d’encouragement à Olivier Falorni
François Hollande écarte au passage l’idée d’un statut pour la « première dame », que Valérie Trierweiler, réticente à l’idée de n’être qu’une « potiche », avait pourtant souhaité. « Il n’y a pas de statut, donc là-dessus, Valérie veut garder son activité professionnelle, je le comprends, et à partir de là, elle sera présente à mes côtés lorsque le protocole l’exigera », précise-t-il. Il reconnaît que « ce n’est pas facile de prendre cette place » de compagne de président mais reste inflexible : « Chaque fois que le protocole le nécessite, et ce n’est pas très fréquent, il y a une place qui peut être celle du conjoint ».
Tweet évacué. Retour aux affaires de l’Etat. Le rendez-vous télévisé du 14 juillet, boudé par Nicolas Sarkozy pendant tout son quinquennat, est depuis que François Mitterrand l’a instauré en 1981 l’occasion de faire quelques annonces, de préciser des politiques engagées.
>> Tous nos articles sur François Hollande
Surprise, qui n’en est pas une tant les liens sont étroits entre l’ancien Premier ministre et le président actuel, la nomination de Lionel Jospin à la tête d’une commission de moralisation de la vie politique. Il devra plancher sur des dossiers qui ont du mal à faire leur chemin dans les têtes socialistes, comme le non-cumul des mandats.
« Nous allons maîtriser les dépenses »
François Hollande réaffirme aussi son credo de « l’effort juste », rappelant que le redressement des comptes publics appelle une contribution accrue de « ceux qui ont eu beaucoup sous le gouvernement précédent ». Quant aux classes moyennes, « non, nous n’allons pas nous diriger vers ces catégories là », insiste-t-il. Et s’il reconnaît que la CGS pourrait être sollicitée dans le plan de lutte contre les déficits publics, il précise aussitôt : « Il ne faut pas la considérer comme seul instrument ». « On appellera toutes les ressources (…) Nous allons maîtriser les dépenses, faire des économies ».
Confronté, deux mois après son arrivée à l’Elysée, au plan social massif chez PSA – 8000 emplois concernés, fermeture programmée du site d’Aulnay-sous-Bois, le chef de l’Etat rompt avec le fatalisme des années Jospin quand le chef du gouvernement déclarait à propos des licenciements chez Michelin : « l’Etat ne peut pas tout ». François Hollande s’en prend avec virulence à la direction du groupe automobile, accusée de « mensonge » et d’avoir sciemment reporté l’annonce des suppressions d’emplois à l’après-présidentielle. Le plan de restructuration est « en l’état inacceptable et devra être renégocié », ajoute-t-il en reconnaissant que l’Etat ne peut rien faire contre la fermeture du site d’Aulnay mais peut faire levier pour des mesures concrètes de reconversion.
« La première priorité, c’est l’emploi, répète-t-il, tout doit être engagé pour que l’emploi soit le plus haut possible à la fin de mon quinquennat. »
Quelques questions encore sur l’Europe, et l’adoption qu’il souhaite désormais rapide du pacte budgétaire européen, la Syrie. L’interview s’achève. Il fait beau dehors. « Un président normal peut connaître aussi un jour sans pluie », plaisante François Hollande, soumis à un régime anormal de précipitations depuis sa victoire le 6 mai. Il fait un temps à aller prendre des bains de foule et c’est ce qu’il va faire dans l’après-midi, dans le parc de l’Elysée, puis à Brest.
{"type":"Banniere-Basse"}