Puissant et braillard, un nouveau single de U2 qui ne répond pas à la question : Bono est-il un gros prout ?
L’avantage d’un pseudonyme comme Bono, c’est qu’il autorise toutes les schizophrénies, les personnalités les plus incompatibles. Qui est Bono ? Le gros cake qui parade avec des cuirs ridicules et des Stetsons de Texan parvenu ? L’ambassadeur pugnace du tiers-monde ? L’homme d’affaire combinard qui délocalise ses activités en Hollande pour raisons fiscales et boursicote grassement avec Live Nation ? Le très attachant interlocuteur, incapable de langue de bois, que révélait Michka Assayas dans son livre Bono par Bono ? La hâbleur épuisant qui transforme les concerts de U2 en marathon du Bon, en kermesse du Juste ? Ou le songwriter pointilleux et indiscutable de One ou Your Blue Room, capable de bâtir, avec le génial Brian Eno, des alcôves voluptueuses même dans les stades ? Ne pas compter sur ce premier single de No Line On The Horizon – album précédé des habituelles gesticulations et intox des rusés Irlandais – pour présenter précisément une nouvelle voie pour U2. Comme souvent coincé entre rêves d’évasions et peur du grand vide, il cabote sur une tempête électro, mais en gardant un œil sur les côtes rassurantes des habitudes électriques et épiques. Avec son électro-riff braillard et ses ferventes chorales blêmes, son spoken-word sensuel et ses cris un peu craignos de vieille chouette agacée, Get On Your Boots joue ainsi de toutes les ambiguïtés, voire incompatibilités de U2, à la fois grosse frime et méticuleuse construction pop, poudre aux yeux et refrain indélébile. Get on your boots ? Des godillots plus que des ballerines.
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