Depuis le succès de Slumdog Millionaire, l’un des grands favoris des Oscars, les touristes occidentaux se bousculent pour visiter les lieux du tournage.
Des amoncellements d’ordures, des abris de taules et de cartons… Voilà les nouveaux trésors de l’économie touristique. Slumdog Millionaire, le dernier film de Danny Boyle, a eu un effet pour le moins inattendu : on se bouscule dorénavant pour visiter Dharavi, le plus grand bidonville d’Asie, où le film a été tourné. Ces 175 hectares, qui concentrent 1 million de personnes, ont attiré la convoitise des agents immobiliers du monde entier et vont être rasés prochainement pour devenir un quartier clean destiné aux classes moyennes.
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En attendant, un tourisme d’un nouveau genre sort de terre : le “slum tourism”, littéralement tourisme des bidonvilles. Dans le film déjà ultrarécompensé de Boyle (quatre Golden Globes, sept Bafta, équivalents britanniques des oscars, et de nombreuses nominations aux oscars), Jamal parvient à sortir de son bidonville. Les touristes, eux, choisissent le chemin inverse, pour le plus grand bonheur de Reality Tours and Travel, qui oeuvre depuis trois ans dans le secteur de l’exploitation misérabiliste.
Selon cette agence, 25% des touristes viennent uniquement parce qu’ils veulent voir les lieux du tournage. Elle en accompagne cinquante chaque jour. Certains sont même déçus. Pas si terrible que ça. “Il y a plein de choses positives, les diverses communautés vivent en paix. Je ne pense pas que ça, ce soit montré dans le film”, témoigne un touriste allemand. Au final, il manque un peu de maigreur désoeuvrée. Pas à la hauteur de la fiction, quoi.
D’ailleurs, les Indiens se plaignent de l’image stéréotypée que Slumdog Millionaire renvoie de leur pays, “passant d’une horreur à une autre”. Lors de la projection, quelle ne fut pas la stupeur des principaux concernés quand ils ont découvert le titre : “Chien des bidonvilles”. “Ils ont volontairement décidé d’insulter les pauvres”, s’insurge le président d’une association d’habitants qui a porté plainte pour “atteinte à la dignité humaine”. Des manifestations ont même eu lieu pour appeler au boycott. Malheureusement, le “slum tourism” n’est pas le monopole de l’Inde. L’année dernière, une agence de Rio de Janeiro a fait des vagues en proposant, en bonus frissonnant de la visite des favelas, des rencontres avec des chefs de gangs.
Cléa Favre
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