Si on devait ramasser en une image la façon dont Spider-Man (Sam Raimi, 2002) et The Amazing Spider-Man (Marc Webb, 2012) diffèrent, on pourrait dire que les deux films n’embrassent pas pareil. Dans le Spider-Man de 2002, la touchante Kirsten Dunst s’avance la nuit dans une ruelle battue par la pluie. Elle cherche celui […]
Si on devait ramasser en une image la façon dont Spider-Man (Sam Raimi, 2002) et The Amazing Spider-Man (Marc Webb, 2012) diffèrent, on pourrait dire que les deux films n’embrassent pas pareil.
Dans le Spider-Man de 2002, la touchante Kirsten Dunst s’avance la nuit dans une ruelle battue par la pluie. Elle cherche celui qui vient de la sauver mais il s’est déjà évanoui dans l’obscurité. Lorsque soudainement l’Homme-Araignée surgit, par le haut du cadre, mais à l’envers, la tête la première. Son visage et celui de la jeune fille sont alors tout proches, face à face, mais inversés. Ce n’est pas seulement les corps que cette formidable scène inverse, ce sont aussi les genres. Le héros est alors une proie sexuelle offerte et c’est la jeune fille qui va du bout des doigts le décagouler jusqu’à libérer non pas son visage (pas question de gâcher l’excitation d’embrasser un inconnu masqué) mais seulement ses lèvres, sur lesquelles elle pose les siennes. En termes de prérogatives sexuelles, c’est elle qui mène le jeu.
Dix ans plus tard, Spider-Man donne aussi un premier baiser, mais pas question désormais de déconstruire une par une les modalités du genre. Les deux amoureux sont en haut d’un building, ils se disputent un peu, la fille le plante là, très contrariée. Mais, tandis qu’elle s’éloigne, Spider-Man lâche une toile qui enserre la jeune fille et la ramène contre son buste comme le ferait un lasso. En dix ans, l’Homme-Araignée a échangé ses émois de puceau délicat contre des manières de cow-boy.
Ce reboot n’est pas seulement un redémarrage, mais aussi un reformatage, esthétique, idéologique, qui se charge de remettre à l’endroit tout ce qui avait été laissé inversé.