Six mois après son suicide, l’écrivain américain David Foster Wallace refait parler de lui avec un nouveau roman inachevé que sa femme a retrouvé en nettoyant leur garage.
En septembre dernier, ce géant de la littérature contemporaine américaine se donnait la mort dans sa maison californienne. De cet écrivain et professeur d’université de 47 ans, que certains critiques comparaient à Joyce et à Pynchon, on retenait surtout l’humour noir, arme redoutable de The Infinite Jest, son œuvre gigantesque (1079 pages) publiée il y a 14 ans.
En France, la disparition de Foster Wallace avait surtout un goût d’inachevé qu’apaisaient quelque peu ses deux seuls livres traduits dans notre langue, La Faille dans le système et Brefs entretiens avec des hommes hideux, publiés Au Diable Vauvert.
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On apprend aujourd’hui que Wallace, qui pourtant détestait les clichés, a laissé derrière lui un roman posthume inachevé. C’est en voulant mettre de l’ordre dans le garage qui lui servait de bureau que sa femme, Karen Green, est tombée sur un manuscrit de 200 et quelques pages. « The Pale King » (Le Roi pâle) raconte la vie ennuyeuse de petits fonctionnaires dans un bureau d’impôts du Midwest. Un extrait du manuscrit a déjà été publié dans le New Yorker de cette semaine et son éditeur a annoncé sa publication en 2010. Contrairement à ses romans précédents où les notes de bas de page et les digressions épiques florissaient, The Pale King est écrit dans un style bien plus direct.
Selon les critiques qui ont eu le livre entre les mains, ce dernier roman explore le concept de « la pleine conscience » et de la concentration qu’il avait déjà martelé lors d’un discours au Kenyon College, qui doit paraître aux Etats-Unis en avril. « La vraie liberté, c’est le fait d’être suffisamment conscient et éveillé pour choisir ce qui mérite attention ou pas, pour choisir comment vous pouvez construire du sens à partir de votre propre expérience. Parce que si vous ne pouvez pas exercer ce genre de liberté dans votre vie adulte, vous serez complètement foutus », avait-il déclaré devant les étudiants. Souffrant d’une grave dépression, Foster Wallace avait arrêté son traitement pour écrire The Pale King avec « l’esprit clair », sortir d’ « une impasse créative ». Il voulait être une personne et un écrivain différents. C’est selon l’auteur Jonathan Franzen, qui était aussi son ami, « ce qui a créé la tension ». « Et il n’y est pas parvenu», a-t-il ajouté dans une interview au Guardian.
Gladys Marivat
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