Le roman multi-récompensé de Johnatan Littell, sorti depuis le 3 mars en Grand-Bretagne et aux États-Unis, a déclenché l’ire d’une grande partie de la presse anglo-saxonne. Le débat se poursuit entre partisans et détracteurs.
Prix Goncourt 2007 et Grand Prix du Roman de l’Académie Française, écoulé à plus d’un million d’exemplaires en Europe, Les Bienveillantes vaut à son auteur, le franco-américain Jonathan Littell, un concert de louanges.
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Malgré ce pédigrée, la nouvelle vie du livre sous le titre de The Kindly Ones (dans la langue de Nick Hornby) commence par une controverse au sein de la presse anglo-saxonne. Loin de faire la même unanimité que dans l’héxagone, les critiques parlent d’un « roman remarquable« , d’autres « de mastodonte inepte« . Ambiance.
Peter Kemp du Sunday Times
Après s’être interrogé sur la crédibilité du personnage principal qui se prétend semblable à tout un chacun mais qui lui rappelle surtout Oreste, personnage de la mythologie grecque, Kemp se montre particulièrement surpris par la capacité du roman à séduire Outre-Manche. Il souligne aussi que les références obscures à la hiérarchie nazie lui sont grave montées à la tête.
Les trucs qui peuvent blesser :
A peine compréhensible, rudimentaire, boursouflé, inapproprié, nombreuses inepties, sinistre, lourd, pachydermique, invraisemblable, interminable, monologue de mammouth.
Les phrases un peu catchy :
« Son roman, Littell ne le construit même pas à la truelle mais plutôt à grand renfort de camions poubelles qui ne cesse de déverser. »
« Le seul prix que ce roman aurait pu recevoir en restant crédible, c’est celui du narrateur de fiction au sphincter le plus relâché.«
Donald Morrison du Financial Times
Donald Morrison reconnaît le travail de recherche effectué par Littell. Mais pour ce professeur de l’Université Tsinghua à Beijing, ce sujet avait déjà était traité de manière pertinente avant la tentative de Littell. Morrison est l’auteur controversé de l’article du Time sur « la mort de la culture française« . Il prépare d’ailleurs un livre du même nom.
Les trucs qui peuvent blesser :
Révoltant, long, manque de lucidité, manque de cohérence, exaspérant.
La phrase catchy ambiguë :
« Aujourd’hui, la France, du moins un américain qui écrit en français, a donné au monde un roman fleuve dans la lignée de ceux du 19ème siècle, à la manière d’Hugo, Balzac ou Zola. Un livre qui tente de répondre aux grandes questions. Mais qui se rate magnifiquement.«
Michiko Kakutani du New York Times.
Pour Michiko Kakutani, critique vedette du quotidien américain, Littel n’est qu’une baudruche. Ironisant sur le succès du livre dans l’Hexagone, la journaliste est d’humeur taquine : « qu’un tel roman ait remporté deux prix littéraires français majeurs est un exemple de la perversité occasionnelle du goût français« .
Les trucs qui peuvent blesser occasionnellement :
Sensationnaliste, obsessionnel, pervers, prétentieux, odieuse gymnastique, délibérément repoussant, voyeurisme, équivalent d’un slasher, compilation insensée.
La phrase catchy pas sympa :
« Le roman de presque 1000 pages se lit comme si les mémoires du commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, avait été rédigée par un mauvais imitateur de Genet ou de Sade, ou même par le narrateur d’American Psycho. »
Jason Burke du Guardian
Si les critiques positives ne sont pas légion, Burke est une des exceptions. Dans The Observer, il salue l’extraordinaire puissance du roman. Pour lui, Les Bienveillantes « conduit le lecteur stupéfait dans les extrêmes réalistes et surréalistes d’un voyage exténuant dans les coins les plus sombres de l’histoire européenne« .
La phrase consensuel copine avec Kate Winslet :
« Chaque tentative de réaliser un portrait humain des bourreaux de l’Holocauste, comme l’adaptation cinématographique de The Reader, roman de Bernard Schlink, provoque d’immense polémique. »
Michael Korda de The Daily Beast
Répondant directement à Michiko Kakutani, Korda défend la brutalité du roman qui porte en lui les germes d’un chef d’œuvre mondial. Selon le critique, c’est l’ambition de Littell qui mène les Bienveillantes à un statut équivalent au « Crime et Châtiment de l’Holocauste.«
Les phrases catchy :
« Vous voulez lire un bouquin sur l’Enfer, et bien voilà. Si vous n’avez pas le courage de le lire, dur pour vous.«
« Lire ce roman revient à nager en pleine mer sans gilet de sauvetage ou d’escalader une montagne jusqu’à en perdre son souffle.«
Vous pouvez suivre les dernières critiques sur le site thekindlyones.wordpress.com.
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