Un série musicale solide à défaut d’être innovante, entre « Fame » et « Une étoile est née ».
Pour une fois depuis l’ouragan Urgences, Steven Spielberg a plutôt réussi une série télé, mieux en tous cas que Terra Nova, grosse déception de l’année déjà rangée aux oubliettes. Le fait est assez rare pour être signalé, bien que Smash n’ait pas grand-chose de “spielbergien” en soi, si ce n’est une tentation venue de loin.
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“Je trépigne de faire une comédie musicale depuis vingt ans, a expliqué l’auteur de Munich. Cette série est ce qui se rapproche le plus de l’accomplissement de ce désir.”
Rien de plus, car Spielberg n’a pas réalisé le moindre épisode, se contentant de produire Smash, comme à son habitude depuis le milieu des années 80 lorsqu’il s’agit du petit écran. La créatrice de la série, Theresa Rebeck, est une dramaturge respectée à New York et une scénariste de télévision expérimentée, passée par l’école Steven Bochco (LA Law, NYPD Blue). Smash raconte la gestation difficile d’une comédie musicale consacrée à Marylin. Nous sommes à Broadway. Cet univers de chant et de danse, où la scène et les coulisses se mêlent pour créer un étrange monde parallèle de stress et de strass, a longtemps constitué un décor rêvé pour le cinéma, depuis les gracieuses et sexy comédies musicales de Busby Berkeley dans les années 30.
http://www.youtube.com/watch?v=S61kB7Pr9kE
Reprendre ce flambeau aujourd’hui signifie forcément assumer un héritage riche et vintage. Ce passage obligé par les fantômes de l’entertainment, la série le réussit avec un certain brio. Smash a conscience d’une histoire et de gestes venus d’avant, même si elle les adapte à son époque sans sourciller. Les chansons et chorégraphies ont l’air parfois sorties directement d’une émission de téléréalité, mais ce n’est jamais un scandale esthétique. Après tout, le monde des auditions et des castings, une jeunesse dévorée par l’ambition, tout cela a existé bien avant American Idol. Smash le rappelle à chaque instant.
Le destin de ses deux héroïnes, concurrentes pour tenir le rôle de Marylin, s’inscrit dans un grand récit éternel dont la matrice serait Une étoile est née et la référence plus contemporaine Fame. Cela posé, Smash n’a pas la flamboyance et l’audace nécessaires pour se hisser à la hauteur de ses modèles. Elle ne développe pas vraiment le sens tragique qui nous la rendrait indispensable. C’est une série solide et maîtrisée, portée par un casting vraiment investi – notamment Anjelica Huston et Debra Messing. Un minimum qui tend à devenir rare sur les grandes chaînes hertziennes américaines. Lancée au mois de février comme un événement par NBC, Smash a tenu le cap et aura droit à une deuxième saison l’année prochaine. En attendant, elle offre un plaisir légèrement coupable, un frisson idéal pour l’été.
« Smash », chaque mercredi à 23 h 20 sur TF1.
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