Quitterie Delmas, du blog « Des jeunes libres de s’engager », revient sur la loi Hadopi pour la protection des droits sur internet – et donc contre le téléchargement illégal.
La Loi Hadopi, qui prône le respect du droit d’auteur, est complètement en contradiction avec la philosophie du net, plutôt basée sur le partage culturel…
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Je n’ai pas la solution, mais ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir inventer. Car Hadopi n’est pas la solution, c’est simplement un moyen de protéger les acquis de majors qui se sont fait beaucoup d’argent jusqu’ici – argent dont je ne suis pas sûr que les artistes soient les premiers bénéficiaires. Hadopi est une mauvaise loi pour les gens qui aiment la culture. Et ce n’est surtout pas une loi qui va sauver l’industrie du disque ou du cinéma. On a vu que de nombreux artistes ont utilisé internet pour se faire connaître. Bien sûr après il faut voir comment on paye, réfléchir à l’idée des micro-revenus. Le meilleur exemple, c’est Radiohead. Bien sûr tout le monde ne s’appelle pas Radiohead, et ça ne va pas fonctionner comme ça immédiatement pour tout le monde. Mais si ils l’ont fait, ça veut dire que c’est possible.
Pour beaucoup d’associations de défense des consommateurs, le texte de la loi Hadopi est un texte qui bafoue la présomption d’innocence ?
Vue le dispositif qui est mis en place – c’est-à-dire l’intervention d’une autorité qui n’est pas la justice traditionnelle – oui ça pose un sérieux problème. En Angleterre des gens ont été accusés à tort, et je pense qu’on va être confronté au même problème en France.
Si cette loi est votée, pourra-t-on l’appliquer concrètement. La législation européenne est opposée à la notion de riposte graduée.
Il reste encore une porte de sortie, même si la loi est votée en France, c’est l’Europe. D’ailleurs on comprend mal l’acharnement du gouvernement sur le sujet, on dirait qu’il ne tient pas compte des positions européennes qui vont à l’encontre d’une riposte graduée. Ce qui est bizarre aussi, c’est l’impossibilité des partis traditionnels à tenir une position claire. A l’UMP, on est contre, là c’est assez clair. Mais dans les autres partis, certains sénateurs sont pour, certains députés sont contre, c’est assez troublant.
Est-ce que cette difficulté à se positionner sur la loi Hadopi est liée à une certaine idée de la culture en France ?
Non, c’est plutôt lié à une façon de vivre ensemble, et de créer un ciment social qui serait la culture. En gros, on vit une époque où tout est en train de changer. Et je comprends les artistes, qui ont du mal à voir quel sera leur avenir. C’est la même question pour la presse : que vont devenir les journaux papiers avec internet ? Les modèles traditionnels sont en fin de parcours, et il faut en trouver d’autres, ce n’est pas évident. Et dans ce genre de périodes de transition, les gens se recroquevillent. C’est ce qu’on est en train de vivre avec la loi Hadopi. Les majors sont comme les vieilles rédactions qui peinent à évoluer, à se moderniser. Le pire avec la loi Hadopi, c’est que même si elle passe, on trouvera toujours un moyen de la contourner sur Internet. Je pense que la meilleure idée aurait été de faire une sorte de Grenelle de la culture, afin de réfléchir à de nouveaux modèles. Expérimentons !
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