Nouvelle polémique autour du dernier film de Spike Lee, Miracle à Santa Anna, qui n’est jamais sorti en France. Alors qu’un mouvement de protestation se met en place sur Internet, le réalisateur annonce qu’il portera plainte contre le distributeur français du film, accusé de racisme.
Le dernier Spike Lee, Miracle à Santa Anna, n’a pas fait long feu sur les écrans aux Etats-Unis et n’avait guère enthousiasmé ceux qui l’ont vu aux festivals de Toronto ou de Deauville, à l’automne dernier. Le distributeur français TFM (filiale de TF1) a alors annulé l’imminente sortie de ce film qui dépeint les buffalo soldiers, ces commandos de soldats noirs-américains envoyés en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale et dont Spike Lee estime que la représentation au cinéma demeure insuffisante – on se rappelle ses démêlés avec Eastwood à ce sujet.
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Les inconditionnels de Spike Lee crient au scandale. Depuis une semaine, une vidéo (visible ci-dessous) circule sur Internet, tournée par le réalisateur Ona Luambo : on y voit des personnalités telles que Disiz la Peste, Sonia Rolland, Stomy Bugsy, Julien Courbey ou Edouard Montoute s’interroger sur une possible censure, non sans concéder pour certains que le film, ils ne l’ont pas vu… Au delà de l’avalanche de critiques négatives, ils pensent que des raisons politiques ont poussé le distributeur à annuler la sortie de Miracle à Santa Anna. Stomy Bugsy parle même de racisme: « Je pense vraiment qu’en France, il y a une réelle forme de censure sur les films noirs. […] On ne veut pas que les minorités, surtout les Noirs, se réveillent en France par le biais du cinéma ».
En Italie, en revanche, le film a suscité une polémique d’un autre style, ayant été accusé par une association d’anciens combattants d’être un « faux historique et une grave offense à la Résistance ». Miracle à Santa Anna met en effet en scène la trahison de certains maquisards, laquelle aurait suscité une sorte d’Oradour italien.
Mais, encouragé par ce soutien français, Spike Lee a décidé de mener les distributeurs devant les tribunaux : « Nous avons le sentiment que les tribunaux français comprendront que les artistes ont des droits. TFM a essayé de jeter le film à la corbeille. Nous ne laisserons pas cela arriver. Ils se sont trompés de film et de réalisateur pour ça ». Il accuse la société de rupture de contrat et de censure.
Outre les réactions mitigées, voire catastrophées, des professionnels qui ont découvert le film en festival, TFM a sans doute également pris en compte les performances de Miracle à Santa Anna sur le marché américain, soit à peine 8 millions de dollars de recettes engrangés alors que le budget de ce film, par ailleurs interminable et pompier, est évalué à 45 millions. Pour l’heure, il n’a été distribué qu’aux Etats-Unis et seul le Brésil l’annonce sur ses écrans.
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