Le dernier volet de la saga intergalactique a déjà fait couler beaucoup d’encre. Florilège de sa réception critique aux Etats-Unis
Le film Star Wars 8 : Les Derniers Jedi fait l’objet d’une sortie internationale dans quarante pays différents entre le 13 et le 15 décembre. Si le dernier opus tant attendu est déjà disponible en France, il n’est pas encore visible aux Etats-Unis qui devront attendre vendredi prochain pour découvrir l’œuvre de Rian Johnson. Ce qui n’empêche pas les journaux américains de livrer d’ores-et-déjà leurs analyses du film qui divise assurément la critique. Nous vous les restituons ici, de la plume la moins conquise à l’apologie la plus fanatique.
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Celui qui a eu le cœur brisé
En tête de liste des Jedio-sceptiques, le magazine Variety. Son rédacteur Peter Debruge se désole de voir, dans ce nouveau Star Wars, la vision singulière du réalisateur niée et dénonce « une esthétique corporative unifiée » appliquée à l’ensemble de la franchise. La revue américaine souligne d’ailleurs que c’est cette raison qui a poussé les réalisateurs Colin Trevorrow, Gareth Edwards, Phil Lord et Christopher Miller à renoncer à la réalisation d’autres épisodes de la franchise. « En fin de compte, rapporte-t-il, même si Les Derniers Jedi est d’une qualité élevée pour un film de franchise, il est finalement une déception. […] [Les Derniers Jedi] est le chapitre le plus long et le moins essentiel de la série ». Espérons que Rian Johnson ne soit pas abonné à Variety.
Ceux qui sont partisans du « oui, mais »
Dans un long article publié dans le New-York Times, Manohla Dargis spoil à peu près toute l’intrigue du film en se livrant à un résumé précis et commenté de la plupart des scènes. On ne vous a gardé que l’idée d’ensemble, elle-même légèrement obscure : « M.Johnson a pris le relais – notamment concernant le mythe de la femme Jedi – qui avait été proposé à M.Abrams quand il a accepté de réanimer la saga avec Le réveil de la force, commence Dargis, qui mérite le prix de la critique la plus polie de l’année, M.Johnson n’a pas besoin de faire d’importantes introductions. Pour la plupart, les principes étaient déjà en place, comme une mythologie globale qui, à certaines périodes, a surtout survécu grâce à la foi des fans plutôt que pour d’autres raisons ». On se remémore les pires heures de M.Lucas en passant. Elle poursuit : « Malgré tout, il doit nous convaincre que ces héros et méchants en plein développement se rejoignent émotionnellement – pas seulement sur le tableau de Lucasfilm – et qu’ils ont la légèreté et la lourdeur requises, l’ineffable esprit et la grandeur pour revigorer le mastodonte de la pop-culture ». Manohla drops the mic tandis que nous nous interrogeons sur les chassés-croisés émotionnels entre les méchants et les héros dans Star Wars.
Du côté du Hollywood Reporter, Todd McCarthy se laisse tenter par une critique émue de ce huitième volet, évoquant les inconsistances du scénario et des personnages qui, toutefois, ne suffisent pas à épuiser l’émotion procurée par une certaine candeur de la narration :
« Peut-être que le film est un peu trop long. La plupart des nouveaux personnages pourraient gagner en profondeur, en aspirations comme en aspérités au niveau de leur personnalité. Ils ont une tendance à apparaître ça et là sans qu’on sache comment ils s’y sont rendus : dessiner une carte géographique de leurs mouvements créerait un impénétrable réseau de lignes. Mais il y a une fraîcheur et un enthousiasme indéniables dans l’approche de Johnson qui maintient l’image, et par là même la franchise, en vie. Et nul doute que c’est ce qui importe le plus.«
Ceux qui ne sont jamais redescendus
Pete Hammond, critique en orbite depuis qu’il a vu Les Derniers Jedi, se livre à une dithyrambe peu commune pour le site Deadline, suggérant que Star Wars 8 est « sûrement le meilleur film de la saga ». Inarrêtable, il va même jusqu’à féliciter « la sagesse » des studios qui ont eu l’idée inattendue de reprendre l’une des franchises les plus bankables du septième art. Il poursuit :
« En plus des séquences d’action brillantes et des effets CGI à la pointe de la technologie, les personnages sont très bien développés, ce chapitre continue d’ouvrir la voie à une nouvelle génération de stars qui prennent le relais pour aller encore plus loin dans les galaxies très lointaines. Il a tout pour plaire, et pour couronner le tout, Carrie Fisher offre un dernier adieu poignant. »
Il tient également à saluer les performances des acteurs Oscar Isaac, Adam Driver, qui « fait de Kylo Ren un personnage complexe et fascinant », et Mark Hamill, en snobant au passage Daisey Ridley. Enfin, pour le Los Angeles Times, Rian Johnson transcende ce que J.J. Abrams a mis en place avec Le Réveil de la force, dissipant toute crainte quant à la pérennité de la saga. Le critique du LA Times Justin Chang s’est, semble-t-il, payé un véritable voyage dans le cinéma en même temps que dans les galaxies très très lointaines évoquées par Hammond :
« Ecrit et réalisé par Rian Johnson, le huitième épisode officiel de la série est l’itération la plus excitante [de la saga] depuis des décennies – depuis « L’Empire contre-attaque » en 1980. Il saisit le rêve original de Lucas de trouver un vaisseau pop pour ses obsessions – les épopées d’Akira Kurosawa, les westerns de John Ford, les séries de science-fiction – et de l’accomplir avec une verve et une imagination qui lui sont propres. »
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