In the step

Ce turbulent lauréat de notre compilation CQFD 2005 prouve, dès son premier album, que les petites cases et les petites cages ne sont pas pour lui. Quand, sur la pochette de ce disque farfelu et plein de vie, le Tourangeau affirme avoir joué, entre autres instruments de musique concrète, « des jouets et du briquet », on sait que le briquet n’a pas allumé que des Marlboro : des pétards et des pétards à mèche ont été nécessaires à la réalisation de ce disque agité et groovy, qui griffonne un genre de funk-punk de hamac, nonchalant et espiègle, qui s’adresse aux jambes pour mieux les tacler, les vandaliser. Comme à chaque fois que l’on se retrouve, béat et hébété, à danser de traviolle sur des beats biscornus et des collages pop barbouillés, on évoquera ici le fantôme de Beck.

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Certes, on retrouve cette absurdité dans ces cadavres exquis qui commencent en doo-wop, continuent en hip-hop cintré pour finir en power-pop épileptique. Mais Boogers, poussé au vice par son complice Fred Landier (Rubin Steiner), ne flirte jamais avec l’exercice de style désinvolte : le grand n’importe quoi n’est pas ici un genre, du chiqué, mais bel et bien une éthique, une philosophie maîtrisée après un rigoureux apprentissage de la gaudriole. Quand il fait le DJ comme un sale mioche fait le Jacques, Boogers n’hésite ainsi pas à enchaîner une scie electro rouillée, une grenade hip-hop et un single de Weezer. Il enchaîne parfois les disques avec les coudes, jamais avec les pieds : la musique est ici une passion trop chevillée au corps, à l’âme et aux tripes pour faire le fanfaron, l’athlète. Son nom commence comme « bougeotte » et finit comme « motherfucker », et ça lui va très bien.