Devant le trafic de drogue, le piratage de DVD est devenu la source de revenus préférée des organisations criminelles et terroristes.
Il y a quelques mois, le cynisme de la Camorra a atteint des sommets quand celle-ci est parvenue à vendre des DVD pirates de Gomorra avant même sa sortie officielle. Sorties tout droit des labos clandestins, ces copies du film adapté du livre-enquête de Roberto Saviano étaient alors vendues 6 euros l’unité à Naples. L’institution criminelle n’ayant pas daigné enlever l’épilogue : “En Europe, la Camorra est l’organisation criminelle qui a le plus tué : 4 000 victimes sur les trente dernières années. Soit une personne tous les trois jours.”
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Il semble aujourd’hui que le marché des DVD pirates soit devenu le nouveau filon à exploiter pour les organisations criminelles. En effet, comme le démontrait un rapport britannique paru en 2004, “Un kilo de DVD piratés rapporte plus qu’un kilo de cannabis” : marges bénéficiaires supérieures et trafic moins risqué car beaucoup moins contrôlé par les autorités.
Si l’ampleur et les arcanes de ce trafic en pleine expansion restaient jusqu’à présent flous, une étude publiée par la Rand Corporation à Santa Monica met en lumière le phénomène. Dans le but d’analyser le marché du piratage dans sa globalité, les chercheurs ont interrogé 120 agences de maintien de l’ordre dans plus de 20 pays. Sur 200 pages, le rapport passe en revue les organisations criminelles, pays par pays, et leurs comportements face au piratage. Parmi elles, la Camorra, mais aussi la Lotus Trading Company en Grande-Bretagne ou les triades de Honk Kong.
Une lecture intéressante (le rapport est disponible gratuitement sur le site du think tank), même s’il est important de souligner que l’étude a été financée en grande partie par le MPA (Motion Picture Association) un des principaux lobbys d’Hollywood. Et pour cause : les pertes pour l’industrie du cinéma sont évaluées à 18 milliards de dollars. Une information qui permet de mieux comprendre et, aussi de nuancer, les recommandations sévèrement conservatrices de l’étude, qui appelle les gouvernements à durcir leurs législations.
Quel argument plus persuasif, à l’heure où les gouvernements de plusieurs pays s’apprêtent à débattre de la question des droits d’auteur, notamment sur le net, que de présenter le piratage et la contrefaçon comme des questions de sécurité nationale ?
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