Révélée par des ep de r’n’b vaporeux, SZA dissout la brume sur un vibrant album écorché et sans ornières.
RZA, GZA… et SZA ? Contrairement à ce que son acronyme peut évoquer pour les fans de rap, SZA (“séza”) n’est pas un membre caché du Wu-Tang Clan. Ce qui n’a pas empêché RZA, le leader du crew de Staten Island, de faire l’éloge de la chanteuse de 26 ans sur un clip promo : “Vous pouvez croire qu’elle est bizarre. Nan, elle est avisée et studieuse.”
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SZA a toujours eu un côté weirdo. Avant de signer sur TDE, le label de Kendrick Lamar, Solána Rowe a grandi à Maplewood. Dans cette petite ville blanche du New Jersey, elle est la seule Noire de sa classe. La seule aussi à porter le hijab. L’éducation très stricte de son père musulman l’isole des autres. Les attentats du 11 septembre 2001 déclenchent même des insultes à son égard, au collège. Sans parler des complexes physiques : la pratique intense de la gymnastique bloque alors sa croissance.
Cette adolescence compliquée lui lègue un penchant pour les fringues XXL et un profond sentiment d’altérité. SZA, qui souffre encore d’anxiété sociale, ne s’en cache pas sur cet album d’une sincérité brute. Il s’agit d’affronter le spectre de son malaise ado, mais en adulte – façon Drew Barrymore dans le teen-movie College Attitude, pour ceux qui savent (référence 90’s revendiquée sur l’imparable Drew Barrymore, hymne soul tourmenté à la Amy Winehouse).
Comment devenir celle “que les garçons veulent bien présenter à leur mère”, chante-t-elle sur la poignante Normal Girl ? Pas évident, devant le chaos de sa vie sentimentale. Comment garder le contrôle, alors qu’on bout à l’intérieur ? Sur Supermodel, sa déclaration de cocufiage (authentique selon l’intéressée !) tient ainsi lieu de vengeance sèche, suite à un lapin de Saint-Valentin non digéré. Le morceau avait pourtant débuté en douceur, à la façon d’une ballade guitare-voix de Frank Ocean.
SZA partage avec l’auteur de Blond une sensibilité à fleur de peau : celle d’une artiste r’n’b fan de Forrest Gump et de métissages pop (des synthés disco de Moroder à la trap d’Atlanta). Une reporter du cœur un peu nerd, sans frontières musicales.
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