Pendant longtemps, la techno a refusé de se laisser tirer le portrait. Avec l’apparition il y a quelques années de Josh Wink, mignon blond à dreadlocks, elle s’est trouvée un visage, autrement plus glamour qu’un maxi white-label. Soudain, la techno pouvait pénétrer, par pleins posters, dans la chambre des midinettes. Pour autant, Wink a rapidement […]
Pendant longtemps, la techno a refusé de se laisser tirer le portrait. Avec l’apparition il y a quelques années de Josh Wink, mignon blond à dreadlocks, elle s’est trouvée un visage, autrement plus glamour qu’un maxi white-label. Soudain, la techno pouvait pénétrer, par pleins posters, dans la chambre des midinettes. Pour autant, Wink a rapidement montré qu’il n’avait rien d’un bimbo. Left above the clouds, son premier album, lézardé de poèmes de son cru, montrait qu’il existait bien pour lui une vie après les dance-floors. Bonne information pour les cardiaques : l’auteur du furieux Higher state of consciousness pouvait lui aussi se reposer et ralentir son pouls. Depuis, à Philadelphie, Wink s’est surtout attelé à faire vivre Ovum, son propre label, mené avec l’ancien Digable Planets King Britt et quelques bonnes doses d’intelligence et de goût. Qui se retrouvent forcément dans Herehear, ce nouveau condensé presque trop dense des différents aspects du généreux personnage. Car sous ses airs de sex-symbol, Wink cache en fait un obèse, dont l’appétit de musique ressemble à un gouffre que rien ne pourrait définitivement combler. N’aimant rien de plus que les contrastes entre morceaux fiévreux la déchirure free-jazz de Hard hit et brusques chutes de tension, Wink oblige à adopter son biorythme d’éclectique, passant du trouble de I’m on fire délicieusement chanté par l’ex-Shelleyan Orphan Caroline Crawley au défoulement de Ah git up. Car s’il a trouvé avec la techno son médium de prédilection, il n’opte cependant pas pour le court-terme de l’autarcie ou le repli sur les moyens du bord, ouvrant grand les portes de sa musique à qui veut bien l’affronter. Maîtrisant toujours l’art du gimmick percutant, des montées en puissance pleines d’acidité, il impose une tension extrême où rien n’est gratuit, les machines ne tournant pas sans son accord s’adaptant ou se confrontant à ses invités. Ainsi, la poète Ursula Rucker est privée d’espace sur l’oppressant et répétitif Sixth sense alors que Trent Reznor, se livrant à une prestation mémorable sur Black bomb, ou The Interpreters, pour Simple man, se mettent au diapason des stridences de Wink, touche-à-tout surtout à l’aise dans le rôle de disjoncteur.
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