Les garnements de Symposium, bébêtes de scène, ont gagné au Scrabble avec leur “powerpoppunkska” déluré. On hésite franchement. D’un côté, il ne faudrait pas déflorer le sujet avant un véritable premier album imminent. De l’autre, on ne peut passer sous silence l’avènement d’un groupe chargé de promesses. En réinventant le punk, en s’appuyant sur les […]
Les garnements de Symposium, bébêtes de scène, ont gagné au Scrabble avec leur « powerpoppunkska » déluré.
On hésite franchement. D’un côté, il ne faudrait pas déflorer le sujet avant un véritable premier album imminent. De l’autre, on ne peut passer sous silence l’avènement d’un groupe chargé de promesses. En réinventant le punk, en s’appuyant sur les deux dernières décennies du rock anglais pour rabibocher modernité et énergie, Symposium s’inscrit en héritier de tout le monde, mais en fils de personne. Contrairement à d’autres China Drum (trop héroïque), Ash (trop américain) ou même 3 Colours Red (excellents, mais trop en phase avec les fans décatis des Stiff Little Fingers ou des Senseless Things), ces gamins donnent une vraie réponse britannique et inédite au déferlement du raffut yankee. Jamais le revival destroy ne prend ici le pas sur une volonté farouche de ne laisser aucune dette. Ce mini-album avant-coureur, couplé au single Farewell to twilight pour le marché français, délimite un improbable terrain d’entente entre les Stone Roses (Drink the sunshine) et les Ruts (Puddles), entre La Guerre des boutons et Vivre vite. On y attise aussi bien les braises mélodiques que l’épilepsie enragée.
One day at a time, que l’on traduira très approximativement et pour nous arranger par « A chaque jour suffit sa peine », sera donc l’idéal premier chapitre d’une aventure que l’on suppose déjà passionnante. Saturée à la fois d’oxygène et de soufre. Refoulé de quasiment tous les clubs londoniens pour cause de partisans trop excités, Symposium brûle tout : les étapes, les planches, la vie par les deux bouts… D’impatience aussi. D’où, sans doute, cette nécessité de sortir des disques en chaîne, avant un inéluctable crash, voire avant de diluer la soupe pour la servir à Bercy, ce qui reviendrait presque au même. Mais pour l’heure la verve ado de Farewell to twilight, façon Undertones fin de siècle, ou les dragées au poivre de The Girl with brains in her feet suffisent à nous mettre en joie. Chez eux, les leçons des ancêtres ne s’apprennent pas, elles se comprennent. Ce qui permet de bricoler du neuf sur les meilleures carcasses d’hier, avec une immense part de hasard pour nous déstabiliser à chaque mesure. Il y a belle lurette qu’un groupe anglais ne nous avait laissé cette impression d’un contrôle à ce point aléatoire de ses actes. On sent que Ross Cummins, le virevoltant chanteur, peut mettre le feu à tout instant. Et on doute qu’un seul membre de sa bande de tireurs de sonnettes patentés ait un galon de pompier sur l’épaule. Pas plus effrayé par les accents ska (Fizzy) que par les élans sportifs du power-punk (Fairweather friend), Symposium est d’emblée une énigme. Avec des trombines de premiers de la classe et des habitudes que l’on devine beaucoup moins droites, avec du talent mais trop de fierté pour le canaliser, leur avenir est incroyablement flou. On aura donc toutes les raisons d’en profiter au jour le jour, sans attendre une ouverture officielle des hostilités. On y reviendra forcément dès la parution du premier album, mais One day at a time remplit largement son rôle d’habile éclaireur. Un bonheur suffit à chaque jour.
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