A quoi sert l’Unesco ? Au nord du Mali, des islamistes fous détruisent la porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia, qui devait rester fermée jusqu’à la fin du monde. Ils s’en prennent aux admirables mausolées de la ville, ces pyramides effilées de terre et de bois, symbole d’une cité interdite et mythique des XIIe […]
A quoi sert l’Unesco ? Au nord du Mali, des islamistes fous détruisent la porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia, qui devait rester fermée jusqu’à la fin du monde. Ils s’en prennent aux admirables mausolées de la ville, ces pyramides effilées de terre et de bois, symbole d’une cité interdite et mythique des XIIe et XIIIe siècles et que l’Occident ébloui a découvertes il y a moins de deux cents ans. Des dizaines de milliers de manuscrits, une grande part de la mémoire de l’Afrique risquent eux aussi de disparaître dans le feu et la haine des intégristes. C’est un gros morceau d’humanité qui s’en va.
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Par malheur, ces fanatiques de la destruction n’ont rien d’original. Laissons tomber les barbares préhistoriques. On peut remonter à Alexandre le Grand brûlant Persépolis et ses splendeurs, à Alaric ravageant la Rome impériale, aux iconoclastes ou aux Francs détruisant avec système l’art byzantin, aux Espagnols et Portugais brisant idoles et palais en Amérique du Sud, et des civilisations entières avec eux. On peut y ajouter des anabaptistes dérangés et des catholiques agressifs, plus la Révolution française, l’une des plus vandales, avant la révolution bolchévique de 1917 et le maoïsme des années 60. Et les Américains en Irak qui saccagèrent par sottise les vestiges d’Ur. Ces précédents tragiques n’excusent rien. Est-ce une raison pour redoubler avec retard d’une frénésie religieuse et destructrice ?
En même temps, en Libye, en Egypte, des rapaces ravagent les sites archéologiques, piochant au hasard pour trouver un or inexistant dans les murs de brique sèche, deux ou trois mille ans de notre histoire qui partent en poussière. Bien sûr, il faut compter sur l’amour du pillage, du lucre et l’indifférence des incultes. Mais dans le cas de Tombouctou comme dans le massacre des bouddhas de Bamyan il y a onze ans en Afghanistan, il y a comme une haine hystérique de l’oeuvre d’art, et donc de l’homme. Comment comprendre ? Voilà dix ans, l’élection de miss Monde devait se tenir au Nigéria. Blasphème, blasphème !, s’écrièrent les plus extrémistes des mahométans. Et d’attaquer bien sûr tout ce qui ne relevait pas de leur croyance, massacrant les chrétiens, brûlant les églises. La foule furieuse criait “Allah Akbar” mais surtout une autre phrase, une phrase extraordinaire. Elle criait : “A bas la beauté !” On avait déjà tout entendu dans l’histoire des hommes, y compris le “Vive la mort !” des fascistes espagnols. Mais “A bas la beauté !”, personne n’avait encore osé glapir cela. On retrouve cet affreux sentiment chez les doctrinaires de Tombouctou. A quand “Vive la laideur !” ?
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