Le retour insensé des trublions de Rouen, aussi raide et punk qu’un trou normand.
Cossards revendiqués comme le proclamait le titre de leur unique single Fier de ne rien faire, en 1979, Les Olivensteins auront donc mis presque quarante ans pour sortir un véritable album. On se souvient du feu follet rouennais, de son histoire foutraque et éphémère, improbable reflet de plausibles Sex Pistols normands. Sous l’égide des Dogs et du disquaire Mélodies Massacre, les frères Gilles et Eric Tandy, Vincent Denis et autres flemmards patentés, mettent à sac en quelques mois tout le décorum seventies et factice d’un rock français somnolant.
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Mais la France giscardienne digère mal l’irrévérence et étouffe illico toutes les velléités de sortir du rang. Au ban les tireurs de sonnettes ! On croisera régulièrement les principaux protagonistes, en solo ou au sein d’autres Gloires Locales ou Rythmeurs, sans pouvoir oublier l’alinéa Olivensteins gravé en préambule de leurs casiers respectifs. Alors, lorsque les rumeurs de retour se sont cristallisées, avouons que les perspectives nous ont déridé les zygomatiques. Et c’est donc en victimes consentantes que nous encaissons l’uppercut inespéré.
Le même je-m’en-foutisme narquois, rock’n’roll et éclairé
Dès la titraille, l’étendue des dégâts est entendue : Inavalable, Né pour dormir, le déjà culte Je hais les fils de riches, l’évident western détourné Pourquoi penser à moi… Mais derrière la provocation basique d’éternels ados punk persistent le détachement élégant et la poésie arrogante de textes jamais anodins. Quant à la musique, elle procède du même je-m’en-foutisme narquois, rock’n’roll et éclairé : trois fois rien, rien de trop, rien de boursouflé. Une guitare aigrelette, une section rythmique en bordée, un soupçon d’orchestration vintage pour l’identité judiciaire, et vogue une galère sur laquelle tangue la voix venimeuse et subversive de Gilles Tandy.
Comme si la Seine n’avait rien charrié en quatre décennies, se joignent à trois titres “d’époque”, jamais officiellement enregistrés, sept sprints tirés aujourd’hui d’un même tonneau hors d’âge, hors du temps, et sacrément revigorant. Anecdotique ? Sans doute. Mais imaginons une seconde un monde sans anecdotes…
Inavalable s’écoute ici.
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