Un polar new-yorkais bien sec injustement ignoré.
Une perle noire des années 1960 qui est pour Scorsese l’“un de (ses) films préférés sur New York”. On le comprend.
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Blast of Silence déroule tous les codes : le tueur à gages qui effectue une dernière mission avant la retraite, le retour dans sa ville, le programme qui déraille, la voix off, le fatum… Mais outre que le plaisir du cinéma peut aussi résider dans le retour d’ingrédients canoniques, Blast of Silence trouve son originalité dans son traitement ultrasec et son économie de série B (les deux étant liés).
Le sombre héros du film, Bad Boy Frankie, est un dur de chez dur, sanglé dans son costard, ses certitudes et sa mission, refoulant tout sentiment. Le New York où il évolue est à son image, glacial, réseau de ruelles, d’appartements glauques et de zones portuaires, tendu et stylisé par le noir et blanc – une ville que Baron prend plaisir à filmer. Il règne une sécheresse, une épure qui touche à l’abstraction et font de ce film un concentré du genre, un ristretto du film noir.
A l’instar du Baiser du tueur de Kubrick, Blast of Silence apparaît comme l’un des discrets chaînons manquants entre l’âge d’or des Hawks, Preminger ou, plus tard, Fuller et le renouvellement du genre par Altman, Eastwood, Scorsese ou Sidney Lumet. Après ce beau coup de feu dans l’indifférence, Allen Baron mènera une carrière alimentaire comme réalisateur de séries (La croisière s’amuse, Drôles de dames…). Dommage et raison de plus pour (re)découvrir ce diamant noir sauvé de l’oubli.
Blast of Silence d’Allen Baron (E.-U., 1961, 1 h 17, reprise)
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