Sortie en ligne du dernier volet de la trilogie hyper violente de Kitano autour des yakuzas.
Avec Outrage Coda, Takeshi Kitano achève sa trilogie Outrage de la même façon qu’il l’avait entamée il y a sept ans : sans tambour ni trompette, et sans véritables enjeux non plus, si ce n’est l’extension impavide de la violence dans le monde.
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Mais alors que le premier épisode éponyme bénéficiait encore en 2010 d’une (petite) exposition dans les salles françaises, celui-ci paraît directement en VOD (comme d’ailleurs le deuxième volet, Beyond Outrage). Une sortie sur une toute nouvelle plate-forme d’e-cinema, nommée benoîtement e-cinema.com, qui compte dévoiler chaque vendredi un long métrage inédit, au prix unitaire de 6 euros ou sur abonnement mensuel à 10 euros.
Aujourd’hui, Takeshi Kitano, tout le monde s’en fout
Dire que le streaming bouscule les habitudes de distribution, et que les plates-formes en ligne peuvent receler des trésors, est un truisme ; mais ce serait se voiler la face que de ne pas voir dans ce choix un aveu qu’aujourd’hui, Takeshi Kitano, tout le monde s’en fout.
De fait, l’auteur japonais chouchou des années 1990 ne facilite pas la tâche. Ce nouveau film est volontairement terne, répétitif, abscons, et n’apporte pas grand-chose de neuf à ses deux prédécesseurs. Et pourtant, il fascine. On y suit un lent et accidentel dérèglement de l’ordre féodal des yakuzas à la suite d’un geste mineur perpétré par un second couteau sur une petite île coréenne loin de Tokyo.
La force du film tient paradoxalement dans son refus de séduire
Un mélange de mauvais choix et de machiavélisme va entraîner, par un effet de tectonique des plaques, un colossal séisme. L’intelligence de Beat Takeshi (qui reprend son rôle d’Otomo, le vengeur taciturne) est de ne filmer d’abord que des mots, de tendre au maximum son élastique en nous plongeant dans les tractations absurdes de chefs yakuzas grabataires et ivres de pouvoir.
Lorsque, dans un second temps, la violence explose, elle demeure rigoureusement mate, sèche, aussi peu glamour que les bureaux grisâtres d’où elle est ordonnée. La force du film tient ainsi paradoxalement dans son refus de séduire, dans son dévoilement d’une brutalité systémique, extrême et pourtant banale.
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