A Montpellier, en plein coeur de la ville, un groupe de jeunes idéalistes avait pris ses quartiers pendant près de deux mois dans une cabane de fortune perchée dans les arbres. Leur aventure est arrivée à son terme le 5 juillet, avec l’intervention du GIPN de Marseille.
L’aventure aura duré un mois et demi. Depuis le 12 mai, les habitants de « la Cabane » avaient élu domicile dans les platanes de l’Esplanade Charles-de-Gaulle, en plein centre-ville. Les « indignés », comme les ont surnommé les médias, ont finalement été délogés le jeudi 5 juillet par le GIPN (Groupe d’intervention de la police nationale) de Marseille, comme l’avait annoncé la maire de Montpellier Hélène Mandroux. L’intervention entamée dès 6h du matin a été retardée à cause d’un orage qui s’est abattu au même moment sur Montpellier. Sept personnes ont été délogés rapidement mais Kevin, un jeune homme au look de Robinson Crusoe, a donné plus de fil à retordre aux forces de l’ordre en grimpant toujours plus haut, sous les encouragements de ses camardes.
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La veille encore, au pied des arbres, une vingtaine de personnes, entre 18 et 40 ans, s’activait autour d’une cuisine de fortune, discutait avec les passants, enquillait les bières. Dans les branches, on apercevait plusieurs structures de bouts de bois ficelés et de morceaux de polystyrène, pour l’isolation. La Cabane pouvait accueillir une quinzaine de personnes mais dans la journée la plupart restait à terre car l’alcool était prohibé dans les habitations pour réduire les risques de chute.
Kevin, 25 ans, était l’un des principaux bâtisseurs de ces structures même s’il refusait l’appellation de « leader » du mouvement. De manière générale, il refuse toute étiquette. Ce n’est pas un « Indigné » ; il y a déjà un groupe un même nom à Montpellier et celui-ci refuse d’être associé aux habitants de la Cabane avec lesquels il a quelques divergences d’opinion. Kevin définit seulement son mouvement comme celui des « êtres humains ». Son but en élisant domicile dans les arbres? « Vivre libre et heureux », expliquait-il en souriant, avant de retourner discuter avec les nombreux badauds attroupés plus loin, le regard amusé. Les idées du groupe sont certes « naïves et un peu simplistes », admet volontiers Maëlle, une jeune sympathisante un peu plus loquace, mais pour elle « il s’agit surtout de montrer qu’il y a d’autres façons de vivre, plus heureuses, en replaçant l’humain et les rapports entre les gens au centre de la société ».
Dégoutés du système, marginaux, activistes ou déconnectés de la vie politique, la plupart des habitants étaient surtout en quête d’une oreille attentive. Certains sont venus de l’autre bout de la France pour investir la Cabane, attirés par le bouche-à-oreille ; les autres sont restés par hasard. « On a vu de la lumière alors on est rentrés », résumait Maëlle au milieu de l’approbation générale. L’objectif des habitants de la Cabane, sans prétention, était de rester le plus longtemps possible. Ils savaient que le retour du froid émousserait l’enthousiasme de beaucoup mais s’inquiétaient peu des tentatives d’expulsion. Faire venir le GIPN pour eux ? Beaucoup en plaisantaient, trouvant la solution un peu radicale. Du côté de la police, on reconnaissait aussi qu’ils ne représentaient ni un problème majeur, ni un danger, et que l’opinion publique leur était plutôt favorable. On avouait aussi à demi-mot que cette décision n’était pas sans rapport avec le début des Estivales, un rendez-vous hebdomadaire nocturne de dégustation de vin et de beuverie de masse.
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