Pendant la campagne des législatives pour la 9e circonscription de l’Essonne, Georges Tron, alors candidat à sa réélection, a diffusé un tract à 120 000 exemplaires. Il y dénonçait sa mise en examen pour viols comme un « complot » qui aurait été mené à son encontre par des opposants locaux. Et notamment, les frères jumeaux Olivier. Ces derniers ont porté plainte en référé pour « faire cesser un trouble » à leur encontre. Le maire de Draveil a été condamné, aujourd’hui, par le tribunal de grande instance d’Evry, à leur verser la somme de 2000 euros.
Le 7 mai dernier, Georges Tron « sort de son silence« . En pleine campagne pour la 9e circonscription de l’Essonne dont il est encore le député, le maire de Draveil diffuse à 120 000 exemplaires un tract dans lequel il dénonce un « complot politique ».
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Selon l’ancien secrétaire d’Etat à la Fonction publique, sa mise en examen pour viols et agressions sexuelles en réunion faisant suite aux plaintes, au printemps 2011, de deux anciennes collaboratrices, serait l’œuvre de ses opposants politiques locaux. Et plus particulièrement de deux jumeaux : les frères Olivier. Mis en cause dans ce tract, Jacques et Philippe Olivier ont porté plainte – en référé – pour « faire cesser un trouble à notre encontre », dixit Jacques.
Lire notre enquête : « Les enregistements secrets de l’affaire Tron »
Dans ce tract de quatre pages, présenté comme un « message personnel » à l’adresse des électeurs de sa circonscription, Georges Tron a ainsi introduit sa démarche:
« La lettre que je vous adresse aujourd’hui aurait pu être rédigée depuis des mois, mais j’ai choisi d’attendre la fin de la campagne présidentielle pour vous révéler le complot politique organisé contre moi.”
Georges Tron y re-détaille sa propre version des faits, en reliant son affaire judiciaire en cours à une manoeuvre de ses opposants locaux d’extrême droite, avec qui il est en guerre depuis 2008.
Deux affirmations fausses
Jacques Olivier est ancien conseiller régional Front national. Il a quitté le parti en 1999 pour devenir entrepreneur en bâtiment. Son frère jumeau, Philippe Olivier, est cadre supérieur. Il est marié à Marie-Caroline Le Pen, la sœur de Marine, dont il est le conseiller officieux. Depuis 2008, Georges Tron se dit en guerre avec eux.
Jacques et Phillipe Olivier sont à la tête d’une association, Draveil Villages, qui s’oppose à la vente d’une portion de l’hôpital Joffre-Dupuytren. Une opération qui devrait aboutir à l’édification de 700 logements en bordure de la forêt de Sénart. Un projet défendu par Georges Tron et qui serait, selon lui, la cause du « complot » organisé par les jumeaux.
Mais le maire de Draveil semble s’être un peu précipité en rédigeant son tract.
Jacques Olivier explique que dans un premier temps, « Georges Tron prétendait que nous aurions diffusé des tracts diffamatoires et que la justice lui aurait souvent donné raison. Sous-entendant au passage que nous aurions déjà été condamnés alors qu’il n’a jamais ne serait-ce que porté plainte contre nous. »
Dans un second temps, Tron assurait que les jumeaux figuraient sur une liste électorale d’extrême droite, lors des municipales de 1995, avec un autre opposant politique de Tron étiquetté UMP. Deux affirmations qui ont conduit le tribunal de grande instance d’Evry à condamner Georges Tron à verser aux jumeaux la somme de 2 000 euros et à « faire cesser le trouble manifestement illicite causé à Monsieur Jacques Olivier et Monsieur Philippe Olivier par la diffusion du tract intitulé ‘Message personnel de la part de Georges Tron.' »
Jacques Olivier nous donne son sentiment quant à cette décision:
« On a pris les deux points les plus simples pour stopper cette diffamation. Mais il y en a une dizaine que nous dénonçons dans ce tract. Maintenant on va déposer plainte sur le fond pour que la justice dise qu’il y a eu formellement diffamation. Et nous allons demander très cher en dommages et intérêts, car ce tract s’est accompagné d’une campagne télévisuelle et médiatique jusqu’au 20h. Il nous a sali à tous les échelons avec son histoire de complot. »
Maitre Olivier Schnerb, avocat de Georges Tron, s’est dit surpris par cette condamnation. Et d’ajouter simplement : « On ne commente pas une décision de justice que nous avons, par ailleurs, déjà interjeté en appel. »
Dans sa décision, le juge des référés a ajouter l’obligation pour le maire de Draveil d’oter du site www.georgeslegislatives.fr le tract en question. De plus, Georges Tron devra faire paraître, à ses frais et courant juillet, « un dispositif de l’ordonnance à intervenir en caractère de police » dans les pages du Parisien, édition de l’Essonne.
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