L’auteur du « Festin nu », écrivain phare de la Beat Generation, fait l’objet d’un livre de photos inédites qui plonge le lecteur dans l’underground new-yorkais des années 70.
La première fois que le journaliste Victor Bockris rencontre l’écrivain William Burroughs, en 1974, l’auteur du Festin nu et de Blade Runner – nouvelle dystopique qui inspire le titre du film à Ridley Scott – le prend pour un agent de la CIA et ne répond que laconiquement à ses questions en interview. Une appréhension compréhensible : l’écrivain le plus prolifique de la Beat Generation revient aux Etats-Unis après vingt-cinq ans d’exil et retrouve son pays d’origine en plein tourment politique, qui culminera avec la démission du président Nixon en août 1974.
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Le journaliste – connu pour ses biographies de Lou Reed, Andy Warhol et Burroughs – se rend vite compte que le meilleur moment pour s’entretenir avec l’écrivain est lors de ses soirées en compagnie de ses amis issus de l’avant-garde créative, où alcool, drogues et mots d’esprit coulent à flots. A l’époque, Burroughs habite une chambre d’une auberge de jeunesse située sur The Bowery, une avenue au sud de Manhattan, rapidement surnommée « The Bunker » : il y reçoit la crème de la scène artistique de l’époque, des personnalités du monde de l’art (Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, Andy Warhol), de la musique (la chanteuse Debbie Harry du groupe Blondie, Mick Jagger) ou de la littérature (Allen Ginsberg, autre grand nom de la Beat Generation avec Burroughs et Jack Kerouac).
Plus de quarante ans plus tard, des clichés inédits de ces folles soirées au Bunker font l’objet d’un livre de photos, Burroughs Reloaded, publié chez l’éditeur australien Perks and Mini Books. L’écrivain postmoderniste – au milieu des années 1970, il est en pleine rédaction du premier roman de sa trilogie Cities of the Red Night – apparait toujours impeccablement habillé, casquette vissée sur la tête et cravate omniprésente. « Il était comme un proviseur strict avec de hautes attentes qui sortait de cette posture une fois qu’il se rendait compte à quel point j’aimais passer du temps avec lui, se souvient Victor Bockris. Il devenait la personne la plus douce, la plus gentille et la plus distrayante que j’ai rencontré, avec qui on tirait quelques coups de feu après dîner. » Car oui, la deuxième passion de Burroughs, après la littérature, était les armes à feu.
Burroughs Reloaded, Victor Bockris (Perks and Mini, disponible en Europ via Donlon Books)
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