Les paroles sont toujours aussi sombres, obliques et déviantes, mais servies, avec une traîtrise inouïe, sur des mélodies presques guillerettes : de la pop, certes, mais souillée sous ses jupettes. Pas étonnant, de la part d’un chanteur dont la perversité et le cynisme sont ? depuis des années de sombres activités avec Arab Strap ? […]
Les paroles sont toujours aussi sombres, obliques et déviantes, mais servies, avec une traîtrise inouïe, sur des mélodies presques guillerettes : de la pop, certes, mais souillée sous ses jupettes. Pas étonnant, de la part d’un chanteur dont la perversité et le cynisme sont ? depuis des années de sombres activités avec Arab Strap ? devenus un fonds de commerce assumé, sourire inquiétant aux lèvres, façon Houellebecq de la pop povera. Malcolm Middleton n’a pas eu à chercher bien loin des complices pour cet insolent détournement de genre mineur : tous Ecossais, tous empêcheurs de jouer de la guitare en ronron, ils officient d’ordinaire chez Mogwai, Delgados, Reindeer Section ou’ Arab Strap.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
L’album s’appelle Into The Woods, mais pour le bucolique, on repassera : ce sous-bois n’a pas souvent vu la lumière, il est rongé, vicié, avec des cafards partout ? et on sent des pervers derrière chaque arbre. Ainsi, même un hymne à danser, avec un air pourtant sain et robuste, ne peut s’empêcher de dévisser en plein milieu du refrain : « Je me suis à nouveau réveillé ce matin/En me souvenant à quel point je me déteste. » Gros succès garanti au Macumba.
C’est ainsi que, d’une phrase dégueulasse à un commentaire désabusé, Middleton salope les efforts surhumains de ses compositions. Qui tentent, à longueur d’arrangements soyeux et de mélodies soignées, d’afficher une vigueur éclatante (du rock luxuriant de Break My Heart à un electro-tube à la New Order comme No Modest Bear) quand le moral et la morale sont, eux, dans les chaussettes. Malcolm Middleton dit qu’il aurait voulu sonner comme les Beach Boys. Il voulait dire Bitch Boy, non ?
{"type":"Banniere-Basse"}