Relectures pop et geek des codes de la SF et des superhéros, Marvel’s Runaways et Future Man sont diffusées sur la plate-forme de streaming Hulu, un outsider qui continue de grandir.
Répandues entre le cocon de l’enfance et les embranchements réels de l’âge adulte, les eaux troubles de l’adolescence, peuplées de désirs et d’angoisses, forment un terreau tourbillonnant d’affects changeants. Les séries télévisées y ont fait éclore certains de leurs plus beaux personnages, des chanteurs complexés de Glee aux Anglais écorchés de Skins.
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Mais la psyché adolescente n’est pas qu’une affaire de contenu dans les séries teen : elle résonne de l’autre côté de l’écran chez un public accordé à la même corde émotionnelle, qu’il s’agit de faire vibrer à grand renfort de codes éprouvés. Des BO hype aux personnages stéréotypés, la série teen a aiguisé ses atours, cyniques ou méta quand exhibés à outrance, touchants quand leur dosage est sincère.
Entre X-Men et Avengers
Plate-forme web de vidéo à la demande lancée en 2007, l’outsider Hulu a cette année damé le pion aux géants du streaming Netflix et Amazon en remportant deux Emmy Awards majeurs avec The Handmaid’s Tale. La mise en ligne coup sur coup de Future Man, la nouvelle création des rois de l’humour trash Seth Rogen et Evan Goldberg, et des Runaways, dernière née des séries Marvel (après Legion, The Gifted ou Daredevil), tente de prolonger cet état de grâce en explorant des voies plus légères, rivées aux baskets adolescentes.
Adapté d’un comics méconnu des années 2000, Marvel’s Runaways fait figure de croisement entre les arcs les plus légers des X-Men et une version rajeunie des Avengers. Brisé par la disparition d’une des leurs, un groupe d’amis d’enfance se ressoude sous l’effet d’une double découverte : ils possèdent des pouvoirs surnaturels, et leurs parents font partie d’une sinistre confrérie de super-vilains. Moins premier degré, Future Man matérialise le fantasme d’un geek en l’emmenant voyager dans le temps pour sauver le monde en compagnie des héros de son jeu favoris.
Dès son introduction déroutante figurant, entre douceur et violence, l’errance nocturne d’une jeune fille perdue dans un déluge de points colorés, Marvel’s Runaways embrasse une imagerie flottante, entre hédonisme pop et noirceur vaporeuse. Dans la lignée d’un 13 Reasons Why, les premiers épisodes nous plongent dans un microcosme lycéen codifié à l’extrême, sillonné de personnages stéréotypés – le bellâtre un peu lisse, la gothique… – qu’une combinaison de blessures anciennes et de nouveaux défis joindra en un combat commun.
Des fondations résolument geek
Point de bancs d’école du côté de Josh, le héros de Future Man, vingtenaire un peu trop chill qui préfère les arcanes virtuelles au monde réel : ce sont le choix de l’acteur principal, l’inoubliable Peeta de la saga Hunger Games, et les fondations résolument geek de la série qui l’ancrent dans un énergie adolescente.
Si l’humour régressif de l’un manque souvent de finesse, et si la figuration des pouvoirs des autres fait pâle figure à côté des fulgurances visuelles d’un Legion, il est troublant de remarquer que l’enjeu central des deux séries a trait à la notion de foyer. Pour Josh “Future Man”, attachant Tanguy américain, il s’agira d’en quitter le confort enveloppant pour le sauver d’une destruction certaine. Pour les jeunes mutants fugueurs, forcés à le quitter brusquement, il faudra en reconstruire un en commun. De l’adulte encore enfant aux enfants trop vite adultes, ces séries épousent le devenir angoissant de tout adolescent : il faudra bien, un moment ou l’autre, sortir de chez soi.
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