Vrai électron libre de la scène électronique française, Ivan Smagghe, depuis plusieurs années n’en fait qu’à sa tête. C’est sans doute pour cela que ce cumulard est devenu le prescripteur le plus désintéressé du moment.
« Si je pouvais choisir exactement le nom de ma profession, j’ignore vraiment ce pourquoi j’opterais. Peut-être music lover Parce que c’est la musique qui détermine, non pas ma vie entière, mais nombre de ses aspects, beaucoup de mes activités. » DJ, homme de radio, musicien : Ivan Smagghe multiplie les casquettes, passe de l’une à l’autre sans se lasser ni vouloir arrêter cette boulimie d’envies. « Je n’ai jamais eu l’idée de gagner ma vie de manière normale. Mais mon parcours n’a jamais obéi à un plan, comme je n’apprécie pas l’échec, je ne planifie rien« .
Ainsi, il n’avait absolument pas prévu de devenir DJ, d’autres lui ont inculqué de force le virus, un virus auquel il a rapidement succombé. « Mon background est totalement rock, les disques de mon enfance sont signés Soft Machine ou Brigitte Fontaine. Ensuite, à 14 ans, je suis parti aux Etats-Unis et le père de ma famille d’accueil m a fait découvrir Violent Femmes ou Sonic Youth. A cette époque, pour moi, la boîte de nuit passait pour un truc de beauf. Puis après on m a emmené au Boy et j’ai changé d’avis« .
Dès ses débuts, il fuit les chapelles, renvoie les sacro-saints mythes de la techno ? Detroit, Chicago, etc’ – au vestiaire et leur préfère un éclectisme rafraîchissant.. J’ai toujours peur de ne pas être différent« , avoue-t-il. Celui dont les services étaient éternellement requis pour animer les boums commence rapidement à enchaîner soirées, articles et développe ? notamment dans les pages des Inrockuptibles ? son personnage de trainspotter , l’obsédé de la nouveauté vinylique. Quand on le taquine sur cette propension à jouer des disques que personne ne pourra se procurer, lui – qui a été un des vendeurs de l’historique boutique parisienne, Rough Trade – s’emporte : « cette histoire de disques introuvables me fait rigoler. En France, les gens achètent des disques comme des chewing-gum : à la caisse d’un supermarché. Tu ne trouves pas la même rage qu’en Angleterre« .
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Animateur ? DJ sur Radio Nova depuis des années, il a créé voici deux ans Test, laboratoire musical dépourvu de concept qui obéit seulement à ses goûts et dont une série de compilations résume bien l’esprit. « J’ai toujours aimé faire découvrir des choses aux autres. Je suis peut-être un passeur mais pas un vulgarisateur ; un disque majeur qui ne me plait pas, je ne me sens pas obligé d’en parler. Un disque mineur que personne ne trouvera et qui me plait, je pourrai le jouer 200 fois« . Depuis peu, avec deux amis, il a créé Set, label évidemment dépourvu de direction ; la première sortie, un maxi de pop bizarroïde signé Ana Rago donne d’ailleurs le ton, décalé et original. Quant à ses propres projets musicaux, ils évoluent toujours dans un univers très référencé, et plein de clins d’œil. On espèrera ainsi beaucoup de Blackstrobe, duo electro ludique mené avec Arnaud Rebotini de Zend Avesta ? « on y pousse à l’extrême nos penchants eighties » ? signé sur le label anglais défricheur Output. Mais, avant de rêver d’un album, il faudra sans doute imposer à Ivan une année sabbatique !
Test sur Radio Nova du lundi au vendredi de 19h30 à 22h
3 volumes de la compilation Test (Nova Records / Wagram), Test 4 en juin
Ana Rago (Set / Chronowax)
Blackstrobe Innerstrings (Output / Source), prochain maxi « avant l’été«
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