Les inégalités environnementales se creusent, notamment sous l’effet de la gentrification.
C’est ce qui s’appelle une double peine. Selon plusieurs études et chercheurs, les inégalités économiques coïncident avec les inégalités environnementales. Autrement dit, les pauvres sont plus exposés que les riches à la pollution. C’est ce que rapporte le site Reporterre dans un article qui fait le point sur plusieurs nuisances environnementales auxquelles les pauvres sont exposés.
Ainsi, l’endroit où l’on relève les taux de pollution les plus élevés de France, l’autoroute A1, en Seine-Saint-Denis, près du Stade de France, comprend une des communes avec le taux de pauvreté le plus important du pays d’après l’Insee : Saint-Denis. Plusieurs associations protestent contre cette « discrimination territoriale », qui affecte notamment l’hôpital Delafontaine et sa maternité (une des premières de France).
Les pics de pollution à Paris ont des effets désastreux sur les plus pauvres
Plus généralement, la pollution touche particulièrement les quartiers populaires sur tout le territoire. Selon l’équipe de recherche Equit’Area, les plus défavorisés à Lille et à Marseille sont bien plus frappés par la pollution au dioxyde d’azote que les autres. Avec des effets désastreux sur la santé, comme l’écrit l’économiste Éloi Laurent dans l’essai collectif Les Inégalités environnementales : « On constate une augmentation de 15 à 30 % des nouveaux cas d’asthme chez l’enfant et des pathologies chroniques respiratoires et cardiovasculaires fréquentes chez les adultes âgés de 65 ans et plus ».
A Paris, une étude de l’Inserm et de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) avait montré en 2015 que la pollution nuit surtout à la santé des plus pauvres : « Les Parisiens vivant dans les quartiers qui sont à la fois les plus défavorisés et les plus pollués avaient un risque 5 fois plus élevé de décéder lors d’un pic de pollution que ceux vivant dans les quartiers les plus aisés et les moins pollués », expliquait à Europe 1 Denis Zmirou, de l’EHESP.
« Les inégalités environnementales se creusent »
A cette pollution de l’air, il faut ajouter la pollution sonore, elle aussi discriminante, puisque « près de la moitié des zones urbaines sensibles sont concernées par un ‘point noir bruit’ et pour la région Île-de-France, ce taux approche 70 % », selon un rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese) paru en 2015. Mais aussi l’exposition aux grosses chaleurs, aux risques industriels et aux maladies professionnelles, comme le montre Reporterre.
Pour combler le tout, les phénomènes de gentrification dans les zones urbaines (avec la création d’éco-quartiers notamment) ont pour effet de rejeter les populations les plus paupérisées, renforçant les inégalités environnementales. « Les inégalités environnementales se creusent sous le coup d’un vigoureux processus d’externalisation des nuisances environnementales hors des milieux de vie des classes dominantes et d’une recherche conjointe et de plus en plus aiguisée de bien-être environnemental », écrit ainsi la géographe Cyria Emelianoff. Et les politiques publiques, jusqu’à présent, ne parviennent pas à empêcher cela.