DJ Shadow humilié, un clip hot de Brodinski et les 35 ans de carrière de Björk : Gaël Lombart décrypte l’actualité électro de la semaine.
• NEWS : Enfin un grand festival techno à Paris
Si vous lisez ce texte, c’est que vous aimez l’électro, et si vous aimez l’électro, ne prévoyez rien entre les 17 et 19 mai prochains. Pendant trois jours, un nouvel événement house et techno résonnera entre Paris et Montreuil, le Weather Festival. Ce projet part d’un constat : il y a en France cinq festivals d’envergure consacrés aux musiques électroniques (Les Nuits sonores à Lyon, Astropolis à Brest, le N.A.M.E à Lille et Tourcoing, Marsatac à Marseille et Nördik Impakt à Caen). En revanche, aucun à Paris, où une nouvelle scène émerge pourtant depuis deux ou trois ans. En conviant Marcel Dettmann, Len Faki ou Nina Kraviz, l’ambition des organisateurs est de rivaliser avec Berlin ou Londres. Pas moins.
• ALBUM : Calyx & Teebee – « All Or Nothing »
Non, la drum and bass n’est pas morte. Des combos comme Chase & Status ou The Qemists se plient en quatre pour nous montrer la vitalité du genre. Parmi les innovateurs, Calyx & Teebee s’est taillé une place importante en signant son deuxième album sur le label Ram Records. Electrique, densifié par des collaborations de choix (avec Foreign Beggars et Beardyman), All Or Nothing explore de nombreuses voies, se laisse tenter par des fusions hip-hop et jazz. Symptomatique du bon goût développé par le duo, le single Elevate This Sound, tout bercé qu’il est par le souvenir d’une ambiance garage « fin de millénaire ».
• CLIP : Brodinski – « Dance Like Machines »
Depuis sa création en 2011, le label Bromance a lâché une poignée d’EP dévastateurs, sur lesquels figurent de drôles d’animaux comme Club Cheval ou Gesaffelstein. Pour la septième fournée, c’est le patron, Brodinski lui-même, qui s’y colle. Le clip de Dance Like Machines, l’un des deux titres, s’inspire du lapdance et du striptease. C’était trop de nudité pour YouTube, qui a préféré le censurer… Pourtant rien de salace ici, juste une réalité crue puisée dans l’expérience personnelle d’un producteur qui arpente les clubs du monde entier depuis plusieurs années. « Je suis fasciné par ces filles qui vous donnent tout en dansant. Un rêve sans fin », témoigne-t-il. Coquinou, va!
http://vimeo.com/55391508
• MIX : Irn Mnky – DJ Shadow Mix
Pourquoi vous encombrer les tympans d’un mix posté il y a plus d’un mois ? Parce que c’est un hommage à DJ Shadow et qu’il le mérite. Vendredi dernier, l’auteur d’Organ Donor a été viré comme un malpropre des platines dans un club de Miami, le Mansion. Alors qu’il joue Spit Thunder de Krampfhaft, l’organisateur lui demande d’arrêter son set. « Ils me disent que c’est trop futuriste pour vous », explique le DJ, visiblement excédé, au micro. Il sera remplacé par un illustre inconnu, DJ No Máz. Même si nul n’est irremplaçable, faire de l’ombre à Shadow, cela ressemble fort à un crime de lèse-majesté. Dans un tweet, le turntablist a promis de publier bientôt le set incriminé sur son Soundcloud. Histoire de laisser chacun en juger l’aspect « futuriste », sans doute.
• REMIX : Electric Guest – « The Bait » (Michael Creange & WEKEED Remix)
Le duo polisson WEKEED s’est associé à son ami Michael Creange pour former un triangle amoureux infernal. Ensemble, ces Français ont joué avec une popsong parfaite d’Electric Guest comme on tirerait sur un chewing-gum, ajoutant ainsi du goût et du fun. L’effet de time stretching sur le refrain peut surprendre au début, mais au bout de quelques écoutes, les muscles se détendent et les jambes réapprennent à danser. Si au terme de quatre heures de martelage intensif la fatigue se fait sentir, on peut toujours réécouter la version originale.
• TELECHARGEMENT : Agoria ft. Scalde vs Dixon – « Singing » (Fred Everything Edit)
En envoyant ce track au très populaire DJ Mag, Agoria avait certainement deux idées : nous faire (très) plaisir et buzzer un peu (plus encore). Singing est à la base un morceau génial d’Agoria, Scalde et Dixon, sorti en 2011. Sans trahir la version originale, Fred Everything la relève un peu, la pousse dans ses retranchements, lui donne cette tournure extrême qu’elle attendait. Un rite païen de neuf minutes qui donne envie d’envoyer paître (restons polis) les prédicateurs d’apocalypses.
• NEWCOMER : Habstrakt
Pendant longtemps, les petits Frenchies eurent du mal à percer dans le dubstep. C’est aussi certain que le genre est british et que les scènes furent longtemps trustées par les insulaires. Puis il y a eu Von D, puis il y a eu Niveau Zero et enfin Habstrakt. Un gamin de Montpellier qui a commencé à tourner localement avant de trouver grâce auprès d’icônes internationalement reconnues comme Flux Pavilion, Datsik ou Rusko. Aujourd’hui, ses productions tutoient Diplo et Two Fingers dans le « top glitch hop » de Beatport. Bien joué, garçon !
• RETRO : Il y a 35 ans, le tout tout premier album de Björk
Il y a eu un début avant Debut. Avant de lancer sa carrière solo en 1993, avant de former The Sugarcubes dans les années 1980, avant même de se la jouer punkette devant le miroir, Björk Guðmundsdóttir a laissé parler très tôt sa vocation de chanteuse. Se présentant déjà sous son prénom, elle sort le 18 décembre 1977, à 12 ans seulement, une compilation de reprises de tubes pop en irlandais, Björk. Mille copies sont produites au format K7 (un lien pour les plus jeunes). Ce n’est que bien plus tard, en 1991, qu’elle chante pour la première fois sur des compositions électroniques, sur l’album Ex:El de 808 State.
http://www.youtube.com/watch?v=dNL-w_F4sw0