Réponse dans cette playlist qui invite Chuck Berry, Jimmy Reed, Willie Dixon…
Le 16 avril 1964 paraît le primal The Rolling Stones qui ne comporte qu’une composition originale, Tell Me (You’re Coming Back), le reste n’étant que révérences à leurs maîtres, parmi lesquels Chuck Berry, Jimmy Reed ou Willie Dixon. Près de cinquante ans après, Blue and Lonesome, leur dernier album, n’est lui aussi composé que de reprises. Alors quels sont ceux, piliers du blues ou pionniers du rock, qui sont à l’origine des Rolling Stones ?
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Muddy Waters Mannish Boy
“I’m a full grown-man, I’m a man, I’m a rolling stone”. Voilà pour ce qui est de la première pierre. Un riff rugueux de Muddy Waters qui mêlent d’autres influences majeures des Stones, puisqu’il répond au I’m a Man de Bo Diddley, lui-même puisé dans le Hoochie-Coochie Man composé par Willie Dixon. Mais gare aux faux amis : c’est bien du morceau Rollin’ Stone, du même Muddy Waters, que vient le nom du groupe.
Chuck Berry Come On
On retrouve Muddy Waters (du moins un de ces disques) à la gare de Dartford où se trouvent un jour par hasard Mick Jagger et Keith Richards, amis d’enfance qui s’étaient perdus de vue depuis. Sous le bras de Mick donc un best-of du tenant du Delta Blues et des disques de Chuck Berry sur lesquels roulent la conversation. Le 10 mai 1963, ils enregistrent leur premier single, Come On, avant d’autres reprises du king du duck-walk (Carol, Around and Around…)
https://www.youtube.com/watch?v=s_sQcYNHTcY
Jimmy Reed Brights Lights, Big City
Les plus jeunes ne verront là que le roman phare de Jay McInerney. Il s’agit auparavant d’un standard du blues signé Jimmy Reed dont la carrière se verra écourtée par un alcoolisme chronique. Enregistrée en demo mais jamais publiée, la version des Stones est donc logiquement écoutable sur nombre de bootlegs. Le groupe lui préférera, toujours sur le premier album, la vibrante déclaration Honest I Do.
https://www.youtube.com/watch?v=dcGW1sUEZgk
Bo Diddley Bo Diddley
Ou tout autre chanson de Bo Diddley, qui a infusé tout le rock moderne (jusque, au hasard, Jesus And The Mary Chain), Keith Richards par sa science du riff bref, haché, ou Mick Jagger par son chant hoqueté en prise directe avec la sauvagerie électrifiée de la guitare. Soit une bonne part du côté crade des Stones même si, comme dirait ce bon vieux Bo, « You Can’t Judge a Book by His Cover ».
Elmore James Dust My Broom
Figure du Mississippi Blues, Elmore James doit son plus grand succès à cette reprise de Robert Johnson (que nous retrouverons un peu plus tard dans la discographie des Stones). Aux côtés de Muddy Waters, il contribuera à la naissance du son Chicago Blues avant de mourir prématurément à 45 ans. Alors qu’il promène sa guitare de groupe en groupe dans le Londres d’avant les Rolling Stones, Brian Jones choisira le pseudonyme Elmo en son hommage.
Dale Hawkins Susie Q
Le titre de Dale Hawkins est devenu au fil du temps un standard. La même année que chez Johnny Hallyday, il apparaît sur la version américaine du deuxième album des Stones, 12 x 5. Mais c’est en 1968 qu’il remportera son succès le plus massif dans la version qu’en donne Creedence Clearwater Revival. On retrouvera encore Susie Q onze ans plus tard, chantée par Flash Cadillac & The Continental Kids sur la BO d’Apocalypse Now.
https://www.youtube.com/watch?v=Kb9vcqam_tQ
Buddy Holly Not Fade Away
Dans la théorie d’hommages à la musique noire américaine (du blues à la soul) qui truffent leurs premiers disques se glisse une anomalie, Buddy Holly, blanc-bec à lunettes que d’aucuns accusent d’avoir glissé le ver pop dans le fruit rock encore en pleine maturation. Un choix qui peut sembler détonner et ne laisse pas d’étonner mais que le groupe maintient jusqu’en 1995 en en proposant une nouvelle version pour l’album mi-live mi-studio Stripped.
https://www.youtube.com/watch?v=AyTtFNGzFsE
Willie Dixon I Just Want to Make Love to You
De I Just Want to Make Love to You sur le premier à I Can’t Quit You Baby sur le dernier, les chansons de Willie Dixon auront traversé toute la carrière des Stones. Rien que de plus normal puisque l’ancien boxeur, qui a fui le Mississippi pour Chicago à cause de ses démêlés avec la justice, a écrit une dizaine de standards blues repris par le gratin du genre puis adoptés en terre anglaise par toute la scène du British Blues Boom, son I Can’t Quit You Baby précité devenant ainsi un des morceaux de bravoure des live de Led Zeppelin.
Master Musicians of Joujouka
Lors d’un voyage au Maroc en 1968, Brian Jones découvre ces maîtres de la musique soufie, une rencontre qui fera l’objet du disque, Brian Jones Presents the Pipes of Pan at Joujouka (1971). Ils symbolisent ici l’appétence du Stone blond pour les musiques orientales et océaniennes dont il nourrira le groupe. C’est ainsi d’un séjour aux îles Fidji (là même où, quelques années plus tard, Keith Richards a failli mourir d’une chute de cocotier) qu’il rapporte le sitar qui pimentera Paint It Black ou Street Fighting Man. Quatre ans après la mort de Brian Jones, la ligne de flûte qui ouvre et clôt Can You Hear Music, son caractère planant et lancinant et ses paroles (“Sometimes you’re thinking you’ve been push around and your rainbow just ain’t hère”) laisse penser à un dernier adieu de la part de ses anciens bandmates.
Little Walter Juke
A l’instar de Neymar et Cavani se disputant l’honneur de tirer les penalties au PSG, l’équipe des Stones, plus particulièrement Brian Jones et Mick Jagger se sont battus sur un enjeu tout aussi important : savoir qui serait le titulaire du poste d’harmoniciste au sein du groupe, rôle à l’origine dévolu à Jones et dont Jagger obtiendra la garde exclusive quelque temps avant l’éviction de son “concurrent”. Blue and Lonesome, titre de leur dernier album, est aussi celui d’un morceau de Little Walter qui a révolutionné le son blues par son approche nouvelle de l’harmonica, comme sur ce Juke, premier morceau joué uniquement avec cet instrument à entrer dans les charts.
https://www.youtube.com/watch?v=soXfp6Xx2VE
Marianne Faithfull As Tears Go By
L’histoire retiendra que le premier morceau composé par la paire Jagger/Richards gravé dans la cire a été interprété par une jeune fille de 18 ans, la compo n’étant pas jugée assez musclée pour un album des Stones (où elle atterrira pourtant l’année suivante). Mais Marianne Faithfull, en plus d’être muse, influencera à plusieurs reprises l’œuvre du groupe. Ainsi est-ce la lecture du Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, que lui avait conseillée Marianne Faithfull, qui a inspiré Sympathy for the Devil à Mick Jagger. Et, certes avec quelques années de retard (lire plus bas), elle sera une des rares personnes créditées sur un album des Stones, hors covers.
https://www.youtube.com/watch?v=XjFNc4j4VZE
Robert Johnson Love in Vain
Après trois albums truffés de reprises paraît en 1966 Aftermath, premier album entièrement signé Jagger/Richards tout comme le suivant Between the Buttons (1967) et Beggars Banquet (1968) – Their Satanic Majesties Request (1967) ne faisant exception que pour In Another Land crédité à Bill Wyman. C’est aussi, presque, le cas de Let It Bleed (1969) qui livre une version tout en retenue et émotion de la chanson de celui qu’on considère comme le père fondateur du blues qu’on retrouve dans une belle relecture live en studio sur Stripped.
The Beatles Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band
On le sait, les Rolling Stones obtiennent leur réel premier succès national avec une chanson signée Lennon/McCartney, I Wanna Be Your Man avant que médias et fans entretiennent une supposée guerre entre les deux groupes. Six mois après la parution du chef-d’œuvre absolu des Beatles, les Rolling Stones publient leur album psychédélique Their Satanic Majesties Request que les plus indulgents décriront comme une parodie pour en masquer les défauts. L’affaire, peu convaincante dans l’ensemble, recèle quelques trésors psyché comme She’s a Rainbow.
Fred McDowell You Gotta Move
Deux ans après Let It Bleed, le principe de reprise unique est reconduit sur Sticky Fingers (1971) avec ce You Gotta Move poisseux (cosigné par un certain Reverend Gary Davis dont les intentions ne paraissent pas très catholiques) qui s’intègre à merveille parmi les compos vénéneuses du duo Jagger/Richards. Pour l’anecdote, il faudra attendre 1994 pour qu’une autre signature apparaisse enfin sur Sticky Fingers, celle de Marianne Faithfull enfin créditée pour Sister Morphine.
Slim Harpo Shake Your Hips
Exile on the Main St., entre autres qualités, demeure sans doute comme un des albums les plus sexuels de l’histoire du rock’n’roll (des sessions d’enregistrement aussi épiques que mythiques ajoutant à sa légende). il exsude la moiteur du Sud, celui des bayous et des voyous mais aussi celui de la France puisqu’il a été créé pour l’essentiel dans la fameuse villa Nellcôte de Villefranche-sur-Mer. Ils y retrouvent notamment l’harmoniciste de Louisiane à qui ils avaient déjà emprunté I’m a King Bee par le passé.
https://www.youtube.com/watch?v=SGyAAWu3Gks
The Tempations Papa Was a Rolling Stone
Autre constante de l’univers Stones, ses tributs à la soul music qu’elle vienne d’Atlantic, Stax ou Motown, qu’elle soit signée Marvin Gaye, Rufus Thomas, ou Stevie Wonder, entre autres. L’un des groupes vocaux les plus populaires du genre, The Temptations sera honoré deux fois sur des albums plus tardifs, It’s Only Rock’n’Roll (avec Ain’t Proud Too Beg) et Some Girls (avec Just My Imagination).
Peter Tosh Don’t Look Back (feat. Mick Jagger)
Les Rolling Stones découvrent la Jamaïque en 1972 lors de l’enregistrement de Goats Head Soup au Dynamic Sound Studio. Mais il faudra attendre 1976 et l’album Black & Blue pour que le reggae apparaisse dans l’univers stonien avec le classique d’Eric Donaldson Cherry Oh Baby ou Hey Negrita. Deux ans plus tard, Mick Jagger duettise avec Peter Tosh sur Don’t Look Back, extrait de Bush Doctor, premier album que l’ex-Wailer publie sur Rolling Stones Record.
https://www.youtube.com/watch?v=OBbtiwSSg1s
Bob Dylan Like a Rolling Stone
Ego-trip ou hommage tardif ? Il faudra attendre le milieu des années 1990 pour que les Rolling Stones reprennent le morceau le plus emblématique de Bob Dylan dans un clip de Michel Gondry où la “rolling stone” de la chanson est incarnée par Patricia Arquette. Quid de l’éventuelle influence de Dylan sur la musique et les textes du groupe ? Elle s’exerce sur eux comme sur la plupart des contemporains du prix Nobel qui ont écrit de la musique durant la même période que lui.
Jimmy Rogers Goin’ Away Baby
Jimmy Rogers fait partie de ces seconds couteaux du blues, pour ceux qui considèrent qu’un second couteau peut être bien utile, qui a connu une seconde carrière inespérée qui constituera l’essentiel de sa discographie dans les années 1990. Membre du band de Muddy Waters aux côtés de Little Walter, son come-back a pour point culminant Blues, Blues, Blues et son casting de rêve. En sus de Mick Jagger et Keith Richard ici présents (ainsi que sur une relecture du Trouble No More de Muddy Waters), il réunit Eric Clapton, Jimmy Page et Robert Plant sur Gonna Shoot You Right Down (Boom Boom) de John Lee Hooker.
Was (Not Was) Walk the Dinosaur
Dans le morceau le plus connu de ce groupe – hormis (tiens, tiens) leur reprise de Papa Was a Rolling Stone – il est question (tiens, tiens, bis) de dinosaure donc. Ironique quand on sait que l’un des deux Was (Don, en l’occurrence) est considéré par la majorité des fans comme la pire influence des Stones dont il a produit les efforts les plus patauds et les moins audibles. Alors pas merci à Was d’en avoir fait des has been…
https://www.youtube.com/watch?v=83nFiPoSuzU
Bonus track – Howling Wolf The Red Rooster
Quand le vétéran blues natif de White Station (Mississippi), dont le chant à mille autres reconnaissable a guidé celui de Mick Jagger et plus encore celui de Keith Richards, débarque à Londres à 60 ans en 1970, toute la crème se presse à ses London Sessions. Sur ce morceau, Eric Clapton, Bill Wyman et Charlie Watts que l’on retrouve sur d’autres avec notamment et dans le désordre Steve Winwood, Ian Stewart ou Ringo Starr.
20 morceaux repris par les Rolling Stones en une playlist
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