Lorsqu’il a sorti Vocal Studies + Uprock Narratives, son premier album sous le nom de Prefuse 73, en 2001, Guillermo Scott Herren ne se doutait certainement pas de l’impact qu’il aurait. Mélange de hip-hop et de musique électronique, cet album dévoilait une vision musicale singulière faite de syncopes rythmiques, de circonvolutions irrégulières, fascinantes d’hypnotisme, composées […]
Lorsqu’il a sorti Vocal Studies + Uprock Narratives, son premier album sous le nom de Prefuse 73, en 2001, Guillermo Scott Herren ne se doutait certainement pas de l’impact qu’il aurait. Mélange de hip-hop et de musique électronique, cet album dévoilait une vision musicale singulière faite de syncopes rythmiques, de circonvolutions irrégulières, fascinantes d’hypnotisme, composées pour des danseurs à quatre jambes de bois et de titane. Il y avait là tout à la fois de l’instabilité, de la fragilité et beaucoup d’assurance.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dans la foulée, les sonorités et gimmicks de Prefuse 73 ont été extrêmement copiés. De sorte que sa musique s’est un peu diluée dans un vaste champ musical qu’elle avait pourtant elle-même créé. La chose est déjà arrivée à un autre groupe, Autechre, qui a inspiré beaucoup d’imitateurs et qui, pour s’en démarquer, plus ou moins inconsciemment, a progressivement radicalisé son esthétique. Scott Herren a choisi la voie inverse.
Au lieu de s’endurcir, ses compositions sont en train de devenir plus accessibles, mais peut-être aussi plus banales. Ainsi, ce troisième album de Prefuse 73 est surtout un disque de collaborations, dans lequel on retrouve l’une des logiques les plus communes du hip-hop : inviter des rappeurs à renforcer des instrumentaux parfois un peu transparents. Et effectivement, les morceaux où l’on retrouve des rappeurs notoires (Ghostface, El-P, Aesop Rock, Beans, Masta Killa, GZA) sont les plus décevants du disque, alors que ceux où Prefuse 73 laisse la place à des invités issus de genres moins attendus (électronique, rock, post-rock), la formule fonctionne mieux.
Ainsi, sa collaboration avec le groupe The Books est une vraie symphonie miniature. De même, celles avec Kazu de Blonde Redhead ou Broadcast sont joliment habillées. Au final, Surrounded by Silence sonne surtout comme une compilation. Mais sans doute s’agit-il là d’un disque de transition, car il contient bien trop de pistes qui seront sans doute explorées dans le futur, plus profondément. Scott Herren, en tout cas, pourrait bien s’éloigner un peu plus du son qu’il a créé, notamment en se tournant vers une musique qu’il chérit pleinement : le jazz du début des années 70. Son album annoncé sous le nom de Piano Overlod, avec le Tortoise John McEntire, sera une plongée dans les marges de ce genre, tout comme son récent album en tant que Savath + Savalas, s’offrait l’an dernier une exploration de la musique brésilienne.
{"type":"Banniere-Basse"}