On se faisait un peu de souci, il faut bien l’avouer, en allant rencontrer nos barbus favoris ? barbus bien avant que Devendra Banhart ne se mette sur le marché et ne tente de leur piquer le créneau. Sur la pochette de leur dernier album, Not on Top, un instantané pris en studio, les garçons […]
On se faisait un peu de souci, il faut bien l’avouer, en allant rencontrer nos barbus favoris ? barbus bien avant que Devendra Banhart ne se mette sur le marché et ne tente de leur piquer le créneau. Sur la pochette de leur dernier album, Not on Top, un instantané pris en studio, les garçons d’Herman Düne ont l’air plus perché que jamais : au premier plan, absorbés par leurs instruments, David et la Canadienne Julie Doiron, puis, derrière, Neman, semblent échappés de More de Barbet Schroeder. A l’arrière-plan, André, accoudé à côté d’une bouteille de whisky, fixe, pensif, l’objectif avec le regard de ceux pour qui tout est devenu flou depuis belle lurette.
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Depuis le beau doublé Mas Cambios et Mash Concrete Metal Mushroom (2003), deux albums enregistrés à Coney Island et sortis coup sur coup, les trois frères ont, en plus de l’enregistrement du nouvel album, enchaîné les tournées, en groupe puis séparément. David et Neman sont ainsi partis aux USA rejoindre Kimya Dawson, l’ex-compagne foldingue d’Adam Green au sein des Moldy Peaches, elle-même en tournée, pendant qu’André, qui avait un mois à tuer avant de s’installer à Berlin, se lançait dans un tour uniquement organisé chez des particuliers.
C’est encore grâce au réseau underground ? une bande de punks hardcore de Leeds cette fois ? que le groupe a pu, pour la première fois (après six albums), maîtriser totalement l’enregistrement de son disque, payé avec ses deniers, dans un vrai studio. David : « On enregistrait toute la journée, puis, André et moi, on restait debout toute la nuit à mixer. Julie Doiron et notre sœur se repointaient vers 3 ou 4 heures du matin avec les guitares nous chanter des chansons. On dormait par terre, au milieu des instruments.«
Mais attention à ne pas, à la lecture de ces aventures un peu potaches, penser que le disque d’Herman Düne se résume à une soirée entre potes. Directement influencé par les vieux albums de Leonard Cohen et Bob Dylan qu’ils se passaient en boucle, Not on Top est simplement le disque le plus abouti des frères et sœur à ce jour. Musclées par une vraie section rythmique (l’introduction d’une basse et le soin apporté aux parties de batterie, jusque-là enregistrées à la va-vite), les compositions se densifient (Little Wounds, You Could Be a Model Goodbye) et donnent un relief inédit à l’écriture très journal intime d’André et David. Avec ses voix et guitares mixées bien en avant, beaucoup moins lo-fi et plus pop que dans le passé, Not on Top sonne ainsi fantastiquement rétro, sec et mono.
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