Le réalisateur de Central do Brasil adapte un des grands fétiches de la contre-culture. Malgré la verves des personnages, on n’y retrouve pas la fièvre de l’écriture de Kerouac.
Rien de plus casse-gueule pour un cinéaste que d’adapter un monument de la littérature, malgré quelques exemples de réussites (Le Guépard de Visconti, Le Temps retrouvé de Ruiz…). Plus le roman est mythique, plus le réalisateur risque les comparaisons défavorables.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Si Hitchcock signait des chefs-d’œuvre à partir de romans policiers mineurs, ce n’est pas non plus un hasard. On peut donc saluer le courage de Walter Salles pour s’être lancé dans l’adaptation d’un fétiche de la contre-culture, ce Sur la route qui dépasse de loin le simple cadre littéraire et a fait de Kerouac l’une des premières icônes de la culture populaire moderne.
Salles a donc lancé ses comédiens sur les traces (pas toujours exactes) de Kerouac et Cassidy, et de leurs doubles de fiction, Sal Paradise et Dean Moriarty. Bonjour les grands espaces, les ciels ouverts, les champs de coton et de maïs, les couchers de soleil en Technicolor. Ne manquent pas non plus les voitures vintage, les vêtements d’époque, les baraques en bois certifiées Amérique profonde.
L’impression visuelle dominante hésite entre le salon des antiquaires et le dépliant touristique haut de gamme, renforcée par la tonalité sépia de la photo. Ce n’est pas chez Salles qu’on trouvera de l’inventivité formelle ou de la singularité stylistique. Quand Salles montre Paradise en train de taper frénétiquement sur son clavier tel un pianiste de hard bop, on se dit que le geste de l’écriture est infilmable à moins de tomber dans ce type de clichés.
Cet académisme de bonne qualité mais ronronnant est heureusement habité par les relations entre les protagonistes, perpétuels tricotage et détricotage d’amitiés, d’amours, de sexe, dans toutes les combinaisons possibles, incarnant le vent nouveau de liberté qui soufflait à l’époque. Les acteurs sont bons, particulièrement Garrett Hedlund (Moriarty) et Kristen Stewart (Marylou), qui passe avec aisance son examen d’entrée dans le cinéma adulte, à l’instar de son copain de promo Twilight Pattinson.
Au final, le film ressemble à ce qu’on en attendait, ce qu’on en craignait aussi : un produit correct mais formaté qui ne parvient pas à traduire à l’écran la fièvre de l’écriture de Kerouac.
{"type":"Banniere-Basse"}