Tous les héros Marvel dans un blockbuster qui, même en l’abscence d’une vision singulière, fait preuve d’une maestria souvent ébouriffante.
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Si, pour paraphraser le critique André Bazin, un film était
telle une mayonnaise qui prend ou ne prend pas en fonction
de l’équilibre de ses ingrédients, alors Avengers serait probablement l’une des réussites les plus éclatantes qu’Hollywood nous ait offertes ces dernières années, tant il comble
avec insolence chacune des attentes que l’on peut avoir d’un blockbuster : casting rayonnant (en particulier Marc Ruffalo, nouvelle et géniale incarnation de Hulk), dialogues “pétillants et drôles”, intrigue “sans temps mort”, scènes d’action “à couper le souffle”…
La copie de Whedon, réalisateur connu des sériephiles pour l’indépassable Buffy contre les vampires, ou encore les beaux Firefly (qu’il a lui-même adapté au cinéma) et Dollhouse, mériterait un 20/20, ou pas loin.
Seulement, on peut aussi considérer, comme François Truffaut – alors jeune critique opposant à son maître la politique des auteurs et son goût pour l’imperfection –, que les films ne sont pas des mayonnaises ; que leur beauté ne se mesure pas à la somme de leurs parties mais plutôt à ce qui les dépasse, à cette brèche où s’engouffre par surprise le désir d’un spectateur, à cette ouverture vers autre chose que l’exécution d’un programme ; en un mot à ce cœur palpitant et imprévisible, qui fait autant défaut au film de Whedon qu’à Iron Man, héros claquemuré derrière son poitrail bleu phosphorescent.
Toute une partie de l’intrigue, dans un bel aveu inconscient, tourne d’ailleurs autour de ce cœur déficient de l’homme de fer : dans une des scènes les plus réussies, Captain America – ici en vadrouille avec la crème des superhéros Marvel (Thor, Hulk, la Veuve noire, Hawkeye et Nick Fury) pour défaire Loki, le frère banni et mégalo de Thor – reproche à l’immarcescible Iron Man/Robert Downey Jr. de s’en sortir toujours, quoi qu’il advienne, par une pirouette.
Le film de Whedon est ainsi exactement à l’image de ce dernier : d’une habileté sidérante, alliage parfait entre l’homme et la machine (la finalité, au fond, de tout blockbuster), mais désespérément rétif à la beauté du tragique. Il y a bien, ça et là, quelques tentatives d’arracher le film à son ironie délicieuse, mais toutes font long feu.
Sauf peut-être, brièvement, par le biais d’un second couteau très émouvant, ce drôle d’agent Coulson qui collectionne les images Panini de ses idoles/collègues, et dans lequel Whedon projette son propre étonnement, celui d’un gosse qui n’en revient pas de diriger ses héros, pour de vrai.
Alors, bien sûr, on reste émerveillé par la perfection classique du découpage, en particulier dans les scènes d’action qui retrouvent une lisibilité inédite après des années de domination de la bouillie post-Michael Bay – la 3D et son nécessaire rallongement des plans n’y étant pas étrangère, bénie soit-elle.Emerveillés mais sur notre faim.
Et si l’on passe un très agréable moment en compagnie des Vengeurs, on se dit que ce ne sont pas deux heures mais deux cents qu’il aurait fallu pour nous satisfaire pleinement. Une série, en somme.
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