Avec son groupe, Matias Aguayo délaisse la techno minimale pour des atmosphères entre postpunk, ambient et electro.
Quatre ans après The Visitor, son précédent album paru sur son propre label (Cómeme Records), Matias Aguayo est de retour en arborant un profil inédit. Celui qui s’est lancé en 2004 dans une fructueuse carrière solo, s’affirmant comme l’un des acteurs majeurs de la scène électronique germanique (né au Chili, il a grandi en Allemagne), réapparaît en effet aujourd’hui à la tête d’un nouveau groupe.
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Baptisé The Desdemonas, le groupe en question se compose de l’Italien Matteo Scrimali (batterie), de l’Allemand Henning Specht (synthés) et du Colombien Gregorio Gomez (guitare/basse) – tout ce petit monde prenant Berlin comme principale base d’opérations. Le premier album de cette formation cosmopolite s’intitule Sofarnopolis et sort chez Crammed Discs, label bruxellois culte dont le sélectif et prospectif catalogue illustre à merveille les vertus du métissage sonore. Mû par une même volonté d’exploration sans œillères, Matias Aguayo s’éloigne ici du champ de la techno minimale sur lequel il a bâti sa réputation pour sonder d’autres zones musicales, bigarrées et mouvantes, en compagnie de ses trois acolytes.
Quelque part entre postpunk charbonneux, electro lascive, ambient cinématique et blues cubiste, le résultat s’avère aussi difficilement classable que parfaitement délectable. S’ouvrant avec 6 am, entêtant instrumental auroral, et se refermant avec Antidoto, lente complainte dans les ténèbres, Sofarnopolis suit un déroulement très bien construit – entre morceaux chantés (majoritaires) et instrumentaux – et appelle une immersion en profondeur de l’auditeur, amené à ressentir de vives sensations au long des treize ardentes plages de cet album inscrit au cœur de la nuit.
Riche en contrastes et en détails sonores, l’ensemble possède un charme intense, d’une éclatante étrangeté. Emergent notamment le sinueux Nervous, le convulsif Supreme, le très percussif Boogie Drums évoquant un Arto Lindsay perdu dans la jungle urbaine, le magnétique After Love aux reflets stridents, le flottant Walk on By, ballade douce-amère en suspension entre ciel et terre, ou encore le planant Dream Sequence.
Ce dernier titre pourrait très bien s’appliquer à tout l’album tant celui-ci révèle un fort caractère onirique. “Le disque est la bande-son d’une série de rêveries autour d’une ville imaginaire appelée Sofarnopolis – ou peut-être Sofarnopolis est-il juste le nom d’un état d’esprit”, précise Matias Aguayo. En tout cas, une fois que l’on a découvert Sofarnopolis, on n’a plus qu’une envie : s’y aventurer aussi loin et aussi longtemps que possible.
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