L’effet pommier. La réédition des albums originaux de la reine du easy listening met en lumière des trésors méconnus et confirme le génie de Burt Bacharach. C’était au temps où les chansons véhiculaient ce genre de vérités essentielles : “As long as there’s an apple tree, there’ll be apple pie…” Ainsi, tant que l’arbre planté […]
L’effet pommier. La réédition des albums originaux de la reine du easy listening met en lumière des trésors méconnus et confirme le génie de Burt Bacharach.
C’était au temps où les chansons véhiculaient ce genre de vérités essentielles : « As long as there’s an apple tree, there’ll be apple pie… » Ainsi, tant que l’arbre planté par Hal David et Burt Bacharach donnait ses meilleurs fruits, les pâtisseries vocales sortaient à une cadence infernale de la gorge brûlante de Dionne Warwick. Cette première vague de rééditions cinq albums parmi la quinzaine enregistrée entre 63 et 70 témoigne de l’incroyable fertilité du couple d’auteur/compositeur-arrangeur et de la suprématie de leur interprète fétiche sur la scène easy listening des sixties. Et depuis, à moins d’avoir vécu sur Neptune, nul n’aura échappé à la séduction satinée d’innombrables classiques dont cette chronique entière ne suffirait à les citer tous. La (re)découverte des albums originaux met cependant en lumière bien d’autres trésors reprises, compositions originales moins connues, face B obscures sous des emballages luxueux auxquels font pourtant défaut des éléments biographiques. Pas une seule note de pochette pour conter cette histoire exemplaire : née en 1940 dans le New Jersey, Dionne Warwick de son vrai nom Marie Dionne Warrick emprunte très tôt le chemin suivit par tant d’adolescentes noires-américaines. Elle chante dans les églises, étudie le piano, avant de former un groupe de gospel, The Gospelaires, avec sa soeur et sa tante. Le trio est débauché vers 62 pour faire les choeurs sur divers disques soul, notamment ceux des Drifters. C’est à cette période que Dionne est remarquée par Bacharach et David qui lui écrivent un Don’t make me over taillé sur mesure. L’alchimie Bacharach, qui s’inspire des meilleurs essences de la comédie musicale, du jazz et de la pop, ne pouvait rêver plus parfaite incarnation. Car, outre sa voix suave comme une crème fouettée, Dionne Warwick possède une plastique à damner le plus déterminé des militants du KKK. Ce premier hit inaugurera une présence continue dans le Top 10 même si, contrairement aux idées reçues, seuls les premiers singles feront sauter la banque. L’intemporalité des orchestrations comme l’interprétation unique de Dionne Warwick se chargeront d’alerter la postérité. Parmi les dizaines à s’y être essayé depuis, personne ne s’est lové avec autant d’aisance que leur locatrice légitime dans la moelleuse et pétillante luxuriance de Walk on by ou Going out of my head. Récemment encore, lors des misérables concerts de retrouvailles de l’égérie et de son pygmalion, on entrevit de furtives lueurs de jeunesse jaillir malgré les rides. Tout mène à penser d’ailleurs que si Bacharach a créé Dionne Warwick à son image, celle-ci lui a rapporté en retour une stature de Dieu absolu de la haute couture pop. S’il n’engendrait pas de gâteaux aux pommes, que retiendrait-on du pommier ?
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Dionne Warwick, The Sensitive sound of (65), Here where there is love (67), In the valley of the dolls (68), The Windows of the world (68), Soulful (69) (Scepter, en import)
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