Productions pointillistes tout en demi-teintes pastel pour A House, jolies échappées de guitares pour Revelino : n’empêche que les deux groupes manquent d’étoffe. Cette absence de substance soutenue par de gentils efforts d’imagination se traduit par une qualité ectoplasmique des chansons. Le génie ne souffle pas plus sur No more apologies que sur Broadcaster et […]
Productions pointillistes tout en demi-teintes pastel pour A House, jolies échappées de guitares pour Revelino : n’empêche que les deux groupes manquent d’étoffe. Cette absence de substance soutenue par de gentils efforts d’imagination se traduit par une qualité ectoplasmique des chansons. Le génie ne souffle pas plus sur No more apologies que sur Broadcaster et l’oreille cherche en vain l’éclair fulgurant qui illuminerait ces deux albums. A House est sous influence des paisibles mais géniaux Go-Betweens et Revelino souffre d’une inflation de la six-cordes qui prend ses racines dans le poignet de Roger McGuinn. C’est joli comme un macramé de Grace Kelly quand on aimerait sombrer dans l’enfer de Bacon. Rien n’accroche le regard sur ces gentilles plages, pas l’ombre d’un sac poubelle bleu dans le vert d’un champ gorgé d’eau. Les deux pochettes ont les bras encombrés de fleurs comme s’il était nécessaire d’accentuer encore l’accent bucolique de chansons nées dans l’un des derniers bastions européens de l’agriculture traditionnelle. Josephmary, du groupe Compulsion, agacé par l’existence hypothétique d’un idiome irlandais du rock que suggérerait l’abondance de groupes dans cette partie du monde était inflexible : « Il y a une littérature et un folklore irlandais mais il n’y a rien d’identitaire dans le rock que produit ce pays. » Et comme pour conforter cette négation têtue, on observe que les rockers irlandais ont toujours gardé leur valise au pied du lit, prêts comme Cathal Coughlan et Sean O’Hagan à fuir une île qui leur offre tous les conforts d’un placard à balais. Seuls la beaufette des Cranberries et les nouveaux riches de U2 s’accrochent au terreau natal, comme si le plaisir d’être célèbre ne valait que par un corollaire, celui de flamber devant ses anciens compagnons de misère. La fuite révèle souvent le génie irlandais, même si le prix à payer est celui de l’assimilation et de l’acculturation : les Smiths et Oasis ne sont-ils pas des Irlandais de la seconde génération ? A House et Revelino prendront peut-être un jour le ferry qu’emprunta Joseph O’Connor avant d’enfanter ses Cowboys & Indians. Mais c’est une autre histoire. Et déjà de la littérature.
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