Tel un coulis brûlant sur un sorbet à la pêche, les voix mélangées de Lee Hazlewood et de Nancy Sinatra ont occasionné l’une des fusions les plus torrides de l’histoire de la pop. Chanceuse Nancy Sinatra qui, lorsqu’elle n’avait pas son père pour partenaire, s’offrait cette autre gorge capiteuse pour aller y faire du toboggan. […]
Tel un coulis brûlant sur un sorbet à la pêche, les voix mélangées de Lee Hazlewood et de Nancy Sinatra ont occasionné l’une des fusions les plus torrides de l’histoire de la pop.
Chanceuse Nancy Sinatra qui, lorsqu’elle n’avait pas son père pour partenaire, s’offrait cette autre gorge capiteuse pour aller y faire du toboggan. Il nous est même venu cette pensée tordue qu’à travers Lee, c’était en réalité Frankie que la chatte bottée cherchait à capturer entre ses griffes, sacralisant par procuration l’inceste absolu de nos discothèques idéales. Mais on s’égare.
Au départ, les duos enregistrés par Lee et Nancy figurent sur les faces B cachées des singles de la belle, en 67, comme une idylle secrète encore mal tolérée par la morale tatillonne des transistors. En 68, paraît enfin au grand jour Nancy & Lee, album enregistré à saute-mouton entre Hollywood, Nashville et Londres, au gré des périples discographiques de Nancy en solo. Bien que constitué d’un assemblage hétéroclite de chansons pas forcément de la même trempe beaucoup d’envolées par-dessus les canyons mais aussi quelques basses besognes country & western (spaghetti) , l’album est un authentique trésor, pas vraiment caché puisqu’il se distilla en millions d’exemplaires.
Ouvert par une reprise de You’ve lost that lovin’ feeling qui rend les Righteous Brothers soudainement dispensables, Nancy & Lee est quasiment un flot continu de standards : Summer wine, Sundow sundown, Sand, Lady Bird, tous signés Hazlewood.
Au-delà des compositions (éblouissantes), de l’interprétation (doublement merveilleuse), ce sont d’ailleurs ces arrangements et orchestrations spectaculaires qui, par-dessus tout, coupent le souffle. On ne voit guère que Morricone pour avoir aussi prodigieusement tressé entre elles les cordes des violons et celles des potences, imaginé des rythmiques qui slaloment aussi fièrement entre les cactus, avec cette basse qui évoque tant de galops altiers et ces cuivres d’horizons rougeoyants.
A lui seul, l’épique Some velvet morning et son montage hallucinant vaut toutes les scènes CinémaScope des films de cowboys. Tous les crépuscules à la fraîche, toutes les veillées crapuleuses à la belle étoile qui s’étirent jusqu’aux matins de velours, possèdent grâce à ces quatre minutes de pure grâce leur bande-son éternelle.
Quatre ans plus tard, au sortir du long exil de Lee Hazlewood en Suède, le couple se reforme pour un Nancy & Lee again d’aussi ambitieuse facture, mais qui n’a jamais été réédité dans son intégralité. Pour y goûter du bout des lèvres, il faut se reporter à la compilation Fairytales and fantasies : the best of Nancy & Lee, qui additionne la totalité du premier épisode et trois séquences (dont l’inestimable Arkansas coal suite) du second.
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