Plaignons un court instant le label de Hefner, croulant sous le poids de demos refusant de se laisser enfermer dans un tiroir, pressées d’être pressées. Et félicitons-le d’avoir trouvé en Hefner un véritable auteur à l’écriture libre et précieuse, dont l’extrême élasticité était jusqu’à présent la plus grosse faiblesse, capable de rebondir à des hauteurs […]
Plaignons un court instant le label de Hefner, croulant sous le poids de demos refusant de se laisser enfermer dans un tiroir, pressées d’être pressées. Et félicitons-le d’avoir trouvé en Hefner un véritable auteur à l’écriture libre et précieuse, dont l’extrême élasticité était jusqu’à présent la plus grosse faiblesse, capable de rebondir à des hauteurs insoupçonnées ou de s’aplatir mollement comme de la gelée tiède. De la discographie en dents de scie de Hefner une profusion de singles et un premier album inégal , on n’avait retenu que deux crêtes arrogantes : un premier maxi soufflant à l’acoustique sulfureuse (The Hefner soul), il est vrai mis en sons par Tony Doogan, coproducteur du Hefner If you’re feeling sinister de Belle And Sebastian, avec la participation de leur Stuart Murdoch aux claviers ; et Hello Kitten, incroyable bombinette de deux minutes résumant toute la discographie des Modern Lovers, hélas reléguée en face B (The Sweetness lies within) et honnie des ondes pour glorification abusive de l’ami à cinq doigts (« I gonna make myself go blind tonight » « Je vais me rendre aveugle », clamait le refrain : en Angleterre, ça rend aveugle plutôt que sourd). Anonymement sorti sous le cagnard estival, The Fidelity wars fait plus que remettre Hefner en selle. Recentré autour des points forts du groupe voix approximative mais immédiatement identifiable, s’étirant en longues plaintes lyriques, instrumentation sèche et toujours l’étrange habitude d’écrire des hymnes saugrenus (ici, Hymn for the cigarettes et Hymn for the alcohol, ce qui ne facilitera pas les passages radio) , Hefner fait tressauter son nouveau mustang en ruades. Qui font régulièrement toucher terre, à genoux, tremblant du plaisir simple et presque oublié d’avoir participé à un rodéo magique comme il ne nous a plus été donné d’assister, depuis les tours de piste glorieux des Violent Femmes, Television et autres Modern Lovers. On rapprochera plus sûrement Hefner de Jonathan Richman pour son côté troubadour de l’absurde, ses billets d’humeur à l’humour corrosif et les afféteries de langage soul (les cuivres sur les magnifiques Don’t flake out of me et We were meant to be). Mais que fait donc Hefner en Ecosse ?
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