“Si t’aimes pas ce son/C’est que t’aimes pas le rap/Si t’aimes pas ce son/C’est qu’en réalité tu connais pas le rap“, dit Kery James à la fin de Je revendique, l’un des (très gros) morceaux de son nouvel album, Ma vérité. Comme d’habitude, Kery James exagère un peu, mais il y a pas mal de […]
« Si t’aimes pas ce son/C’est que t’aimes pas le rap/Si t’aimes pas ce son/C’est qu’en réalité tu connais pas le rap« , dit Kery James à la fin de Je revendique, l’un des (très gros) morceaux de son nouvel album, Ma vérité. Comme d’habitude, Kery James exagère un peu, mais il y a pas mal de vrai dans ce qu’il nous dit avec son flow patraque et saccadé. Plus grosse tuerie entendue ici depuis Qu’est-ce qu’on attend ? de NTM (dix ans déjà), Je revendique (avec DJ Mehdi aux platines) ? adaptation du Rebel Without a Pause de Public Enemy ? est en effet l’occasion rêvée de faire le vide, une bonne fois pour toutes. De faire tomber les masques, les joggings et les casquettes. Parce qu’il est de bon ton, aujourd’hui, de se la toucher digitale. D’avoir du Lex et du Anticon plein la salopette. C’est bien tout ça, ces groupes et ces labels, vraiment, on adore. Le problème, c’est quand certains se mettent à dire qu’ils écoutent du rap « intelligent ». Que c’est vraiment mieux que celui qui tache, qui va sur Skyrock et qui prend même parfois le RER ? sauf La Rumeur quoi, à gauche on adhère vachement au discours de La Rumeur.
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A tout ce petit snobisme hip-hop, Kery James fournit une réponse directe et définitive. Une réponse un peu maladroite, un peu réac aux entournures. Mais quoi qu’il arrive, quand on écoute Ma vérité de bout en bout, la sève est là, l’esprit du hip-hop est là. Pas de doute, Kery James est bel et bien le meilleur MC du pays, loin devant tout le monde, loin devant les modes. Si le fond du propos est parfois un peu moraliste et convenu (Universel, La vie c’est), Ma vérité, en grande partie, est un disque de hip-hop brillant et compact. Un disque qui révèle le Kery James nouveau, rédimé et islamisé (depuis Si c’était à refaire), de moins en moins raide de sa personne, de plus en plus souple derrière le micro. « Je ne voulais pas parler du tout de religion dans cet album, je voulais retrouver le côté performance du hip-hop, m amuser avec un micro, avec les mots, avec le flow. » Kery James est donc de retour, et de belle façon. J’aurais pu dire, qui ouvre l’album, est une incroyable ouverture d’album, la plus balèze depuis longtemps. Suivie dans la foulée par Les Miens, titre émouvant, militant, qui fait forcément lever le bras.
La quasi-totalité des titres du disque à été produite par Aymeric : le résultat est épatant. « Avec Aymeric, j’ai trouvé mon nouveau DJ Mehdi« , dit Kery James, qui, encore une fois, n’est pas loin de la vérité. Il y aussi Sincérité, ce bouleversant duo avec Diam s, qui en cinq minutes fait se télescoper L’Esquive et Je t’aime moi non plus. Il y a bien sûr Je revendique, bravo Medhi, on a tout dit. Il y a enfin la version 2005 de Hardcore, fabuleux morceau d’Ideal J, jadis interdit et bipé, aujourd’hui remis en fond et en forme à tel point qu’il est presque plus impressionnant et flippant que le précédent. Ma vérité est certes un disque qui bégaye par endroits, mais qui au fond parle bien de l’époque hip-hop. Qui lui offre ses lettres de noblesse, catégorie old-school. C’est enfin et surtout un disque qui raconte Kery James, qui sur En feu de détresse se met à nu, comme aucun MC d’ici ne l’avait encore fait. Un titre personnel et précieux. « Le seul endroit où je me livre, c’est dans mes disques. Je pense qu’il y a des gens qui découvrent plus de choses de moi dans mes disques qu’en me côtoyant« , confie-t-il. Le dernier rappeur à avoir dit ça s’appelle Eminem. De Kery James à Eminem, le chemin, pour des tas de raisons, paraît loin d’être évident. Et pourtant.
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