Convoquée par le tribunal, l’application de transport nocturne Heetch se retrouvait ce matin sur le banc des accusés. Mais le procès n’a finalement pu avoir lieu : des dizaines de chauffeurs de taxis s’étaient portés partie civile.
Les responsables de l’application de transport nocturne Heetch étaient convoqués ce matin à un procès qui n’a finalement pas pu avoir lieu : des dizaines de chauffeurs de taxis se sont portés partie civile contre Heetch à la dernière minute. Cette situation a donc rendu l’audience impossible car le tribunal doit d’abord appeler chaque membre de la partie civile pour étudier leurs préjudices et leurs demandes. La présidente du tribunal a donc dû renvoyer l’audience aux 8 et 9 décembre prochain.
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La start up française Heetch propose aux utilisateurs un service de mobilité partagée la nuit. Autrement dit, entre 20 h et 6 h du matin il est possible de réserver un place dans une voiture qui passe dans le coin pour rentrer chez soi. Cette application mobile s’adresse surtout aux jeunes qui peuvent ainsi profiter de leur soirée sans avoir à se soucier du dernier métro. Le service n’est pas très cher et moins conventionnel qu’un chauffeur.
Rendez-vous au tribunal
Le problème c’est qu’aux yeux de la loi le statut de Heetch n’est pas très clair : ni VTC (Voiture de transport avec chauffeur), ni du covoiturage même s’il s’agit d’une économie de partage puisque le véhicule est conduit par un chauffeur qui en tire des revenus. L’année dernière, quand UberPop s’est fait épingler pour exercice illégal de la profession de taxi, ils ont pointé du doigt Heetch. Les voici donc convoqués au tribunal pour « complicité d’organisation d’exercice illégal de la profession de taxi, complicité d’organisation d’un système de transport entre particuliers à titre onéreux et pratiques commerciales trompeuses ».
Ce matin la salle d’audience n’a cessé de se remplir. Les deux fondateurs de Heetch (Teddy Pellerin et Matthieu Jacob) étaient évidemment présents, accompagnés de quatre chauffeurs. Les avocats des syndicats de taxis UNIT (la fédération professionnelle des taxis), CGT Taxis, UNT (Union nationale des taxis), sont également sur les bancs. Mais rapidement, de plus en plus de chauffeurs de taxis se sont déclarés « partie civile » individuellement créant alors une masse impossible à gérer pour le tribunal en une seule matinée. Pour un des avocats présents « c’est parce que les syndicats ont déclaréqu’ils ne représenteraient pas les intérêts individuels des taxis, mais soulèveraient les problème globaux. Aujourd’hui ces chauffeurs ont demandé réparation en tant qu’individu ». La présidente du tribunal déplore cette situation « absolument contre-productive et qui porte préjudice aux taxis car l’audience sera renvoyée ».
Teddy Pellerin nous a confié qu’ « à aucun moment on a demandé un report car on voulait que l’audience ait lieu. Notre dossier est solide, on était prêt et on voulait prouver notre légitimité et notre légalité. Nous voulions vraiment poser un débat dans un climat sain car ce sont des problématiques fortes et réelles ce qui nous opposent aux taxis ».
#TouchePasAMonHeetch
Le 22 mai dernier, Heetch avait lancé sur les réseaux sociaux une campagne de soutient en vue de ce procès. C’est d’abord avec une vidéo, crée par Buzzman, que la start up touche la toile. Les hommes et femmes politiques sont mis en scène dans un montage de vidéos prises alors qu’ils étaient encore jeunes. Le tout forme un discours de soutient à Heetch.
Puis différents images dans le même esprits sont régulièrement postés sur Facebook et Twitter. Le but de cette campagne était d’interpeller les jeunes (principaux clients de Heetch) et la classe politique française pour qu’elle s’empare également de ce débat : Heetch ou pas Heetch ?
Teddy Pellerin nous a affirmé « on est conscient que c’est difficile pour les professions historiques de se retourner et d’évoluer face à ces nouvelles pratiques, mais nous proposons de l’économie de partage, nous ne voulons pas faire de nos chauffeurs des professionnels. Nous voulons trouver des solutions pour pouvoir cohabiter et se placer en complément des taxis ».
En quittant la salle d’audience, les cofondateurs de la start up ont été accueillis par des chauffeurs de taxis mécontents. « Pellerin, escroc ! » est envoyé depuis la foule. Pas sûr que le climat s’apaise de sitôt, d’autant plus que Heetch bénéficie donc d’un « répit » jusqu’à début décembre prochain.
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