Le juge Gentil aura mis à peine plus de deux semaines pour passer à l’action. Depuis le 16 juin et la fin de son immunité présidentielle, Nicolas Sarkozy était redevenu un justiciable comme les autres. Un justiciable qui fit campagne en 2007, ce qui intéresse particulièrement le juge bordelais saisi pour « abus de faiblesse […]
Après cinq ans d’immunité présidentielle, ils sont plusieurs juges à souhaiter le rencontrer. Jean-Michel Gentil, en charge de l’affaire Bettencourt, a ouvert le bal avec une triple perquisition ce matin. Revue des prochains (probables) rendez-vous entre Nicolas Sarkozy et la justice.
Le juge Gentil aura mis à peine plus de deux semaines pour passer à l’action. Depuis le 16 juin et la fin de son immunité présidentielle, Nicolas Sarkozy était redevenu un justiciable comme les autres. Un justiciable qui fit campagne en 2007, ce qui intéresse particulièrement le juge bordelais saisi pour « abus de faiblesse et financement illicite de campagne électorale ». En clair, Jean-Michel Gentil cherche à savoir si, comme l’affirment plusieurs témoins de l’époque, Nicolas Sarkozy a reçu illégalement de l’argent de Liliane Bettencourt, la richissime actionnaire de l’Oréal.
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Accompagné des policiers de la brigade financière, Jean-Michel Gentil s’est donc lancé ce matin dans une triple perquisition : chez Carla Bruni-Sarkozy, Villa Montmorency, dans le XVIe ; au cabinet d’avocats dont Nicolas Sarkozy détient des parts ; et enfin dans les nouveaux bureaux mis à sa disposition rue Miromesnil. Trois fouilles auxquelles l’ancien président, parti en famille au Canada selon son avocat, n’a pas pu assister – mais dont il discutera peut-être lors d’une plus-que-probable audition chez le juge.
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Revenu du Canada, Nicolas Sarkozy pourrait bien avoir également affaire aux familles des victimes de l’attentat Karachi – encore plus promptes que le juge Gentil. Dès le 18 juin, « jour magnifique » selon leur avocat Maître Morice, deux familles portaient plainte pour « violation du secret de l’enquête, de l’instruction » et du « secret professionnel ».
En cause, un communiqué de la présidence daté du 22 septembre 2011, qui assure que Nicolas Sarkozy n’apparaissait nulle part dans les pièces du dossier financier recueillies par les juges Van Ruymbeke et Le Loire. Une déclaration visant à contrer les soupçons de financement illégal de la campagne d’Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy, ministre du Budget, était le porte-parole.
Pour les familles, le communiqué de l’Elysée est la preuve que la présidence foule aux pieds l’indépendance de la justice ; car il n’était pas sensé avoir accès aux pièces de la procédure. Pourtant, en janvier, le parquet explique qu’il n’ouvrira pas d’enquête, arguant du principe d’inviolabilité du président de la République. Reste à savoir si cette fois, la plainte – qui vise également Franck Louvrier et Brice Hortefeux, respectivement chargés de la communication de l’Elysée et ministre de l’Intérieur – aboutira.
Sur le fonds de l’affaire, des proches de l’ancien Président Nicolas Bazire et Thierry Gaubert ont déjà été mis en examen par les juges, qui soupçonnent un possible détournement de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie Saoudite en 1994. Une audition, peut-être des poursuites seraient désormais possibles contre Nicolas Sarkozy, soupçonné d’avoir approuvé la création de structures off-shore au Luxembourg liées à l’affaire – ce qu’il nie.
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Dans son agenda, Nicolas Sarkozy devrait également inscrire son duel judiciaire contre Médiapart. La bataille, entamée le 28 avril dernier, est déclenchée par la publication d’une note (lien payant) affirmant que le régime libyen a fourni 50 millions d’euros pour la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
Immédiatement, le chef d’Etat porte plainte pour « faux et usage de faux », « recel de faux » et « publication de fausses nouvelles ». En plein entre-deux tours de la présidentielle, Médiapart rétorque avec une plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Convoqué chez la police en mai dernier, Edwy Plenel a remis des pièces de l’enquête journalistiques, sans dire un mot.
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