Partie prenante du label Wall of Sound, la structure We Love You se veut la digne représentante d’une pop en pleine évolution. Petit tour d’horizon de ce label à tête chercheuse qui dresse un joyeux panorama d’un futur proche où l’amour est omniprésent.
Wall of Sound fait des petits… Pourvoyeur d’electro festive et débridée depuis déjà quelques années, fournissant au genre quelques perles bien senties (Propellerheads, Mekon, The Wiseguys, Les Rythmes Digitales ou Dirty Beatniks), Wall of Sound se démultiplie en de nombreuses petites structures habiles. En effet, avec la création de Bad Magic, Nu Camp et We Love You, Mark Jones, l’habile maître de cérémonie de cette attaque en règle, n’a pas froid aux yeux : Bad Magic prend le hip-hop par les cornes et fournit au rap anglais les clefs d’un futur succès avec The Creators. Nu Camp, sur le versant house, fournit des armes au vétéran Jon Carter tout en enseignant la discipline aux jeunes Strike Boys. Mais c’est du coté du petit dernier, le bien nommé We Love You, que tous les regards se tournent. En une petite année, deux compilations et la sortie, entre autres, du premier album du trio I Am Kloot, cette structure est non seulement la plus prolifique mais aussi la plus élégante.
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« On vous aime… » Comment ne pas succomber à une telle déclaration d’intention ? Jo Hiller, fondateur de We Love You, désire en faire une auberge espagnole de la musique pop. Pop n’étant pas ici synonyme de bas du front, mèche dans les yeux et gueule de bois (symptomatique d’une dizaine d’année de rock indé) mais pris au sens le plus large. Pop comme populaire. C’est pourquoi il semble difficile de donner une idée approximative du son We Love You comme il est plutôt ardu de lui attribuer une étiquette précise. Ici le mot d’ordre est mélange, mixité, ouverture d’esprit avec comme seule idole païenne « La Chanson », dans toute sa splendeur.
We Love You a le don des entrées en matière et propose avec We Love You… So Love Us (On vous aime, donc aimez nous’ le ton est amical) une carte de visite en forme de compilation annonciatrice des bonheurs à venir. Ce premier fait d’armes présente les signatures officielles du label auxquelles ont été associé divers éléments extérieur, en parfaite adéquation avec l’esprit du label. Jo Hiller traîne derrière lui depuis quelques temps déjà un iconoclaste amateur de soul et de bossa, Shawn Lee. Il découvre les joyeux lutins de 10¢, amateur de mélodies niaises et de rythmes groovy, le funk ralenti de The Bees et le folk grande gueule d’I Am Kloot. Parmi les invités triés sur le volet on retrouve entre autre le rock velvetien de Clinic, les rêveries électronique de Light Speed System ou un Miss Mend très influencé par les débuts de Stereolab. Difficile de faire plus éclectique.
Jo Hiller passe rapidement à l’échelon supérieur, s’occupant de distribuer le premier album de 10¢, Buggin’ Out, qui passe malheureusement inaperçu. Le premier album de Shawn Lee, Monkey Boy, reçoit moult louanges d’une presse alléchée par tant de délicatesse. Pour finir, I Am Kloot publie son premier effort, l’élégant Natural History, annoncé par des rumeurs dithyrambiques. Cela ne manque pas de faire plaisir à notre homme, qui a bien vite fait d’associer son idée de musique populaire à l’idée de succès qui selon lui est la résultat logique de son entreprise.
Le label récidive en ce printemps morne en publiant We Love You… So Love Us Too, la suite du premier volet. On y retrouve les membres du label accompagnés d’une poignée d’invités de haut vol dont, surprise, bon nombre de petits français : les délicats Tahiti 80, le toujours aussi décalé Bertrand Burgalat, le prince du kitsch Rob ou les petits sorciers de Tommy Hools. Moins défricheuse que par le passée, cette compilation a cependant l’affront de réunir ici les musiques les plus séductrices du moment, oscillant toujours entre bon et mauvais goût assumé, l’efficacité, le groove ou la mélodie pure. Difficile de ne pas répondre à l’appel de We Love You.
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