A l’occasion de la sortie de son second film Le Bal des actrices (28 janvier), elle évoque son parcours de cinéaste, Joeystarr et Benjamin Biolay, et notre déjà fameux couple présidentiel.
Charlotte Rampling, Joeystarr, Julie Depardieu, Jeanne Balibar, Karin Viard… Comment fait-on pour réunir autant de stars dans son film ?
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Pour moi, il n’y a que les acteurs qui comptent. Certains metteurs en scène sont obsédés par l’histoire, la musicalité des dialogues, ou la plus ou moins grande quantité d’ombre sur un visage. Chaque réalisateur a son TOC. Mon obsession, c’est le naturel. Sur un plateau, je suis focalisée sur le jeu des comédiens. Mon envie de faire du cinéma repose sur le désir de filmer des gens.
Mais vous n’avez jamais eu peur d’aller vers certaines actrices ?
Je ne me crée aucun barrage. Rien ne me fait peur. Ma vie professionnelle a commencé en 2001 avec mon spectacle, Le Pois Chiche. Personne n’y croyait ; finalement j’ai joué un an et demi à guichets fermés. Dans la foulée, j’ai pu
réaliser mon premier film. Je suis arrivée là où j’en suis sans culture, sans aide, sans fric, sans mécène. Donc si je pense à une actrice comme Charlotte Rampling, dont le regard, la voix, me font rêver depuis que je suis petite, je tente.
Vous n’avez pas réussi à convaincre Charlotte Rampling de poser nue sur l’affiche du film…
Non ! (rires) Mais là encore, j’ai un truc pour moi, c’est que je suis une fille. Donc quand je demande à dix filles de se mettre à poil, ça passe mieux que si je m’appelais Jean-Claude Brisseau.
Votre personnage évoque à un moment les “comédies romantiques avec Jean Dujardin et Audrey Tautou”. C’est ainsi que vous voyez le cinéma français ?
Je parle juste d’une réalité du cinéma français. Aujourd’hui, l’idée fixe de certains producteurs, c’est une comédie avec un casting facilement monté. Tout est préprogrammé, le scénario est écrit sur un coin de table, ils ont une chaîne hertzienne, le fric rentre. Et même s’ils se plantent, c’est tellement bien financé au départ qu’ils surmontent le bide sans problème. En même temps, certains de ces producteurs vont ainsi pouvoir investir dans des films plus risqués. C’est tout le paradoxe de ce système.
Quand Joeystarr oppose La Star Ac à Benjamin Biolay, est-ce que vous ne désignez pas en France une culture à deux vitesses ?
Oui. Le cinéma est un milieu bourré de codes. Si Estelle Lefébure et Charlotte Gainsbourg passent les mêmes vacances à Saint-Tropez, les médias en parleront différemment, parce qu’il y en a une qui est mariée à Arthur, et l’autre qui porte des jeans cool. Moi, on me rattache à un cinéma d’auteur, mais je peux très bien aller voir Camping et me marrer. Pourquoi je ne pourrais pas aimer Francis Veber et les frères Dardenne ? Je voulais me moquer de ce clivage dans mon film, brouiller les pistes.
Quelle serait l’étiquette, par exemple, du couple Bruni/Sarkozy ?
L’étiquette, je ne sais pas, mais eux ce sont des arnaqueurs. Ils sont censés être le couple numéro un en France : lui qui passe ses vacances sur un yacht, et elle qui s’est faite refaire de la tête aux pieds. A côté de ça, Carla Bruni est incapable de répondre à une question touchant à la politique. Quand on lui demande ce qu’elle pense de l’immigration, elle dit que c’est une question trop compliquée pour qu’elle y réponde. Quand on lui demande ce qu’elle pense de Ségolène Royal, elle déclare qu’elle n’aime pas sa voix ! J’ai trouvé ça fort de café venant de la première dame de France.
Propos recueillis par Emily Barnett
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