Folkeuse défroquée, propulsée égérie mélancolique et vibrante des électroniciens en mal d’un supplément d’âme écorchée, Orton a gagné, ces dernières années, sur tous les tableaux, s’offrant des collaborations avec ses héros de jeunesse (Terry Callier, Dr. John) tout en maintenant ses disques hors de portée de toute tentation passéiste. Aujourd’hui, avec Daybreaker, Beth Orton étale […]
Folkeuse défroquée, propulsée égérie mélancolique et vibrante des électroniciens en mal d’un supplément d’âme écorchée, Orton a gagné, ces dernières années, sur tous les tableaux, s’offrant des collaborations avec ses héros de jeunesse (Terry Callier, Dr. John) tout en maintenant ses disques hors de portée de toute tentation passéiste. Aujourd’hui, avec Daybreaker, Beth Orton étale un peu plus amplement ses couleurs sur la toile tout en évitant désormais soigneusement les tentations d’abstraction, ce qui la rapproche bizarrement de Suzanne Vega, qui a suivi à peu près la même courbe d’évolution qu’elle.
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Tout au long du sinueux trajet de Paris Train, le phénoménal morceau d’ouverture, on croit en revanche apercevoir à bord les silhouettes de Marianne Faithfull et de Björk, sur une orchestration volumineuse entraînée par un piano morriconien de première classe. Sur le morceau d’après, l’agréable single Concrete Sky, ni la guitare jingle-jangle de Johnny Marr, ni les chœurs country de Ryan Adams ne parviennent à estomper les souvenirs laissés par Paris Train.
Il faut attendre Mount Washington, autre grande secousse du disque, pour une nouvelle grimpette en altitude, grâce à un funiculaire de cordes qui transporte littéralement la fin du morceau. Les cuivres reggae de Anywhere prennent alors le relais, mais le disque baisse dangereusement en intensité pour finir par ronronner, en dépit des cadors qui se passent le relais derrière la console ? les habituels Ben Watt, Orbit, les Chemical Bros ou Victor Van Vugt. Electrominimaliste sur Daybreaker, acoustique façon Joni Mitchell sur Carmella, solennelle sur God Song (avec Emmylou Harris aux vocalises aigrelettes en arrière-plan), Beth Orton s’essaye à plusieurs registres qui, empilés, ne lui réussissent pas forcément au teint. Comme notre cousine des seventies, on l’aurait aimée moins consensuelle et plus volcanique.
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