Samedi 7 mars “Pourquoi la gauche reste passive face au FN”, titre Le Monde. Vous aurez remarqué qu’ils se passent du point d’interrogation. Ils ne posent même plus la question mais prétendent y répondre, trouver des explications. Il en ressort que j’aurais délaissé l’électorat populaire, les “sans-dents”, quoi, je plaisante. Ils ont même trouvé un […]
Samedi 7 mars
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“Pourquoi la gauche reste passive face au FN”, titre Le Monde. Vous aurez remarqué qu’ils se passent du point d’interrogation. Ils ne posent même plus la question mais prétendent y répondre, trouver des explications. Il en ressort que j’aurais délaissé l’électorat populaire, les “sans-dents”, quoi, je plaisante. Ils ont même trouvé un sociologue, un dénommé Crépon, qui explique pourquoi les vraies gens ne veulent plus voter pour nous : “Le FN est devenu le parti du prolétariat du secteur privé, du sous-prolétariat des ‘petits Blancs’ qui travaille, qui a du mal à s’en sortir. Les électeurs et les candidats du FN sont ainsi confrontés aux réalités de la précarité du secteur privé : ce sont les caissières de supermarchés, les temps partiels subis…”
Bon, comme j’en ai assez d’entendre des absurdités pareilles, moi qui suis littéralement obsédé par le pouvoir d’achat des classes laborieuses, j’ai demandé à Valls et Camba de bien répéter partout que le FN, c’est mal, très mal, pas républicain et pas beau. La dédiabolisation ne passera pas par nous, suivez mon regard… Je sais bien que ça va être un massacre, ces départementales pourries, et les régionales d’après aussi. Mais que voulez-vous que j’y fasse ? Pour l’instant, rien. Je préfère d’ores et déjà oublier 2015, n’en parlons plus.
2016, en revanche, ce sera bien, la reprise sera là, et je pourrai préparer ma réélection, la seule chose qui m’intéresse vraiment. Comme dans House of Cards, tout pareil. Ce sera une élection à un tour et j’ai mes chances. Je leur ferai le coup du “vote utile” au premier tour, celui de “la République ou le fascisme” au second, et ils seront bien obligés de voter pour moi. Ils ont tort de me sous-estimer, je n’ai pas encore perdu. Je serai mal élu mais élu, c’est bien là l’essentiel, non ?
Dimanche 8 mars
Valls manque de rondeur. D’accord, c’est pas un scoop, mais quand même. Tout à l’heure, sur Europe, il en a fait des tonnes sur le thème “Le FN peut gagner, le FN va gagner”. En fait de mobilisation, il finira par décourager nos rares électeurs encore prêts à se déplacer. Pas sûr que ça marche, le pathos fiévreux, au point où nous en sommes… C’est quand même un peu tard pour crier au loup, non ? L’incantation et la politique sont deux choses différentes, j’ai beau le lui répéter, rien à faire. Emporté par son élan, il a même fini par dire qu’on pouvait s’entendre avec Sarkozy sur l’essentiel, face au FN.
Ben non, pas tout à fait, puisque l’essentiel, c’est que je sois réélu. Il se projette en 2022, Valls, et il préférerait jouer la carte de l’alternance. Encore un qui ne me veut pas que du bien, mais bon, ça non plus, c’est pas un scoop…
Lundi 9 mars
Qu’est-ce que je vais faire après cette nouvelle déroute ? Peut-être rien, faut voir. Ou alors, pour énerver Duflot et élargir ma majorité des plus rétrécie, je vais acheter un Vert ou deux contre un plat de lentilles. Ils ont tellement envie d’être ministre, tous ces Verts, que ça en devient touchant. J’aime bien Cosse. Quelle différence entre moi et Mélenchon ? Moi, j’ai des maroquins à distribuer, normal qu’ils me préfèrent, les Verts. C’est joli, ce mot, “maroquin”, c’est désuet. Et si j’offrais aussi un maroquin à Placé, le bien nommé ? Si je jouais Placé gagnant ? Je plaisante. Quoique.
p.c.c. François Hollande
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