En l’espace de deux jours, Enora Malagré, Lil Wayne et la conseillère municipale d’opposition de Mantes-la-Jolie Bénédicte Bauret ont tous trois été victimes de « swatting ». Avant eux, Justin Bieber, Rihanna, Russell Brand ou encore Kim Kardashian ont été visés. Né dans le milieu du gaming, ce canular consiste à provoquer une descente de police chez la victime. Nous nous y intéressions en février dernier, lorsqu’un gamer français en avait fait les frais.
« C’est un putain de canular« . Le gamer français n’a pas le temps de comprendre ce qu’il se passe qu’il est mis à genou et menotté par des officiers de police. Mardi 10 février au soir, celui qui se fait appeler Bibix sur Internet, de son vrai nom Hubert Skrzypek, est en train de jouer en ligne au jeu vidéo DayZ avec d’autres camarades. Grâce à son micro et sa webcam, il se filme en train de jouer, et diffuse la vidéo en streaming sur la plateforme Twitch. Sur ce site, les internautes qui le souhaitent peuvent suivre la partie en direct, la commenter et même s’abonner à la chaîne de Bibix pour être sûr de ne manquer aucun de ses « streams ». Celle du gamer français compte plus de 60 000 abonnés.
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https://www.youtube.com/watch?v=BQAgLL0PcWU
Alors que la partie se déroule normalement, on voit le gamer sursauter après avoir entendu des bruits suspects dans son appartement. En quelques secondes, une équipe des forces de l’ordre l’oblige à quitter son siège et l’immobilise. Dans le fond, on entend la femme du gamer, en larmes, être également interpellée.
« On peut savoir pourquoi on se fait arrêter?« , demande d’abord le jeune homme à genoux, avant de rapidement en venir à la conclusion la plus plausible : tout cela ne serait qu’un canular. Hubert Skrzypek et sa compagne ont été victime de « swatting », une pratique bien connue dans le milieu des gamers, et même au-delà.
Le swatting ne concerne pas que les gamers
Le swatting consiste à appeler la police pendant qu’un joueur est en train de se filmer en direct sur une plateforme de streaming de jeu vidéo (ce que les habitués résument par « streamer »), dans le but de déclencher un raid à son domicile, qui sera ainsi retransmis en direct.
Dans le cas de Bibix, le raid aurait été provoqué, d’après MetroNews, par des internautes du site ViolVocal, un chat créé par le hackeur Gregory Chelli, alias Ulcan, dans lequel des internautes échangent des insultes et mettent en place des canulars téléphoniques.
Ulcan, pirate qui se dit « hacktiviste », a personnellement été à l’origine d’un « swatting » contre un journaliste de Rue89 qui avait publié un portrait de lui. Gregory Chelli a d’abord piégé la mère du journaliste au téléphone, lui annonçant que son fils était mort, avant de faire croire à la police qu’une prise d’otage avait lieu au domicile de ses parents. Les forces de l’ordre avaient déboulé chez ses parents à 4h du matin. Cinq jour plus tard, le père du journaliste est décédé des suites d’un infarctus. Ulcan, qui vit à Ashdod dans le sud d’Israël, est toujours libre.
Un canular très risqué
Le gamer Bibix a finalement été relâché par la police, mais a déclaré sur son compte Twitter que l’affaire allait se poursuivre au pénal. En France, l’auteur d’un tel canular risque deux ans de prison et jusqu’à 30 000 euros d’amende.
Je vais bien, tout le monde va bien, par contre avec l’activé( twitter, facebook) d’autres vont payer, il va y avoir du pénal ;), merci.
— BIBIX (@BIBIXHD) 10 Février 2015
La pratique du swatting est encore plus répandue Outre-atlantique. La semaine dernière (mercredi 4 février), un jeune Américain, Joshua Peters, connu sous le pseudonyme « koopatroopa787 », a vu une équipe de forces armées débouler à son domicile alors qu’il commentait sa partie du jeu Runescape.
Choqué, le jeune homme de 27 ans est revenu devant sa caméra, en larmes, après que la police est repartie et a raconté ce qu’il s’était passé :
« La police a pointé des armes sur mes petits frères. Ils auraient pu se faire tuer, ils auraient pu mourir, parce que vous avez décidé de ‘swatter’ ma vidéo de streaming », a-t-il expliqué devant ses 60 000 spectateurs.
Le responsable de cette fausse alerte est resté devant la vidéo de Joshua Peters pour assister à la scène, mais le gamer a juste mis son jeu en « pause » avant de revenir devant la caméra quinze minutes après les événements. Le coupable a continué à poster, dans la fenêtre de chat, l’adresse de sa victime, poussant Joshua Peters à le supplier d’arrêter. Il risque 5 ans de prison selon la loi américaine, comme un autre jeune homme de 19 ans qui avait envoyé une unité de police en juillet 2014 au domicile d’une victime, prétextant un meurtre.
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