Depuis plusieurs années, le Théâtre Garonne propose en cours de saison un rendez-vous bien particulier, baptisé In Extremis, qui invite à découvrir des formes scéniques inclassables et innovantes.
De durée et de format variables, ce rendez-vous n’est pas exactement un festival, plutôt un espace ouvert et un temps donné, invitant à la découverte de formes scéniques atypiques, souvent hybrides, qui entrent en résonance avec le reste de la programmation. Cette année, In Extremis s’étend de fin février à fin avril et déploie un bel éventail de propositions couvrant tout le spectre du spectacle vivant, du théâtre à la performance en passant par la musique, la danse et tous les croisements possibles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
De cet ensemble protéiforme se détache en particulier le Adieu et merci de Latifa Laâbissi, mise en jeu (et en abyme) de la théâtralité et de la féminité en une pièce d’une envoûtante étrangeté, à la fois très stylisée et très incarnée, portée, seule sur scène, par une Latifa Laâbissi superbement insaisissable. A cette pièce hors norme fait écho une autre, moins radicale mais néanmoins marquante, en l’occurrence Ulysse(s). Mise en scène et interprétée par Isabelle Luccioni, cette pièce relève avec sobriété et sensibilité le défi qui consiste à transposer sur scène le fameux monologue de Molly Bloom à la fin de l’Ulysse de James Joyce.
Deux autres pièces – All Ears de Kate Mc Intosh et Par cœur de Tiago Rodrigues – dialoguent entre elles de fort stimulante manière. S’inscrivant intelligemment sur le terrain (périlleux) du théâtre interactif, chacune des deux pièces sollicite sur un mode ludique la participation du public. Kate McIntosh amène avec une réelle ingéniosité (et une fausse ingénuité) à s’interroger sur le mentir-vrai et l’être-ensemble tandis que Tiago Rodrigues exalte l’importance fondamentale de la transmission (écrite ou orale) en conviant dix spectateurs à venir sur scène pour apprendre par cœur un sonnet de Shakespeare et en mêlant subtilement intime et universel, légèreté et gravité, au fil d’une représentation en équilibre joliment instable.
Focalisé sur le théâtre (au sens large) d’aujourd’hui et de demain, In Extremis invite en outre à découvrir des pièces en gestation. Ainsi a-t-on pu déjà voir le work in progress de la danseuse Kaori Ito et restent à venir ceux du Théâtre Tattoo et de Trajal Harrell.
Ulysse(s), Isabelle Luccioni, jusqu’au 8 avril.
Pièces en cours de création : Théâtre Tattoo et Trajal Harrell, samedi 25 avril.
In extremis, jusqu’à fin avril au Théâtre Garonne, Toulouse
{"type":"Banniere-Basse"}